Des opérations qui sont restées longtemps secrètes. Aujourd'hui, le moment est venu d'éclairer l'opinion publique sur les conséquences dévastatrices de l'ethnocide perpétré par la France. C'est autour des effets de ce crime contre l'humanité que la France a commis que s'est articulée, hier, la conférence-débat organisée par la fondation Cheïkh Larbi Tebessi et des membres de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme. Pour le vice-président de la fondation, Mohand Lahcène Akilele, la France doit reconnaître ses crimes. Les essais nucléaires avec tout ce qu'ils ont engendré font partie de sa politique d'extermination. De 1830 à 1930, la population algérienne (6 millions de personnes) a été réduite de moitié. Massacres collectifs, terres brûlées, déportations massives, autant de méthodes d'extermination qui n'ont pas pu étancher la soif des généraux français. Du point de vue financier, la colonisation a énormément coûté à la France. Une charge imprévue et une résistance inattendue ayant faussé les calculs du colonisateur qui s'est empressé de mener ces essais avant que l'Algérie n'échappe à son emprise, sachant pertinemment qu'il ne pouvait pas avoir le Sahara. Ainsi, le pire fut commis, atteignant le summum du cynisme et le mépris du genre humain. Selon Abdelaziz Belkacem, docteur en médecine, les Algériens, notamment les habitants du Sahara, subissent, jusqu'à présent, les conséquences des nuages nucléaires. Un tiers de la population, soit plus de 10 millions d'Algériens, est hypertendue, 4 millions souffrent de diabète, alors qu'à Reggane et In Ekker, le cancer thyroïdien gagne du terrain. Selon cet expert, les radiations ont engendré 20 types de cancer dans ces mêmes régions. Elles sont à l'origine de malformations congénitales. A Reggane, les experts relèvent que le nombre d'attardés mentaux est impressionnant. De même pour les maladies de la peau et les paralysies partielles. Sur le plan environnemental, la radioactivité a affecté la flore et accéléré la dégradation de l'écosystème et l'infertilité de la terre. Selon les intervenants, Oued Namous bat actuellement tous les records en matière de mortalité suite au cancer. Il existe actuellement des milliers de victimes des expositions aux radiations parmi la population sédentaire de ces régions irradiées et les nomades transhumants sans aucune protection des sites concernés. Noureddine Belmouhoub révèle que la zone d'essais, pas aussi inhabitée qu'on voudrait le faire croire, ne fut pas décontaminée par l'armée française à son départ. Il estime, à cet effet, que la levée du secret défense sur toutes les archives concernant les expérimentations françaises en Algérie devient une exigence afin qu'elles servent de documents de référence pour les experts. Car l'affaire ne se limite pas à l'indemnisation des victimes. Il s'agit également de la reconnaissance d'un génocide perpétré à l'encontre de populations innocentes.