« Science sans conscience n'est que ruine de l'âme » IN EKKER (Sahara algérien) – Une clôture en grillage et des panneaux marqués « danger » délimitent le site d'In Ekker dans le Sahara algérien où des déchets radioactifs sont toujours à l'air libre après 11 essais nucléaires français effectués après « l'Indépendance ». M. Roland DEBORDES, Membre de la Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité (CRIIAD, France), était le jeudi 25 février 2010 sur le site d'In Ekker où des déchets radioactifs sont toujours à l'air libre. Sur les lieux avec une équipe de chercheurs algériens et étrangers, des journalistes et des victimes des essais, il dira : « Les laves des roches qui ont fondu sous l'effet des explosions entourent la montagne et constituent des déchets hautement radioactifs. Je n'ai jamais vu un tel niveau de radioactivité. Sur la lave, on reçoit 100 fois plus que la radioactivité naturelle« . Voilà un modeste résumé d'une œuvre « civilisatrice dite positive » parmi tant d'autres, léguées par la France fidèle à sa tradition consistant à persister dans ce qu'elle croit être le droit et l'honneur, une France qui s'entête à tourner le dos à son passé qui ne fut pas sans ombre, aussi bien vis-à-vis de ses soldats qui furent, comme ils le disent eux même, des « cobayes » sacrifiés sur l'autel du prestige de la république comme puissance nucléaire, mais aussi et dans le même temps, la destruction de la vie sur un territoire « génocidairement » occupé durant 132 années d'une ignominieuse colonisation d'entre les plus sanglantes, et cela sans aucun remord ni regret et encore moins de repentir d'une France arrogante, qui au contraire persiste quant aux bienfaits de la colonisation. Les essais nucléaires faits par des scientifiques et encouragés par des hommes politiques animés d'un esprit mercenaire, lesquels étaient loin de mesurer les conséquences de leurs expériences et de leurs décisions, jouaient de ce fait aux apprentis sorciers, avec la vie des autres dans le Sahara algérien. Sous la pression d'ONG et d'élus, le Sénat français a finalisé le 6 février 2002 un rapport sur les incidences environnementales et sanitaires des essais nucléaires effectués par la France entre le 13 Février 1960 et le17 Février 1966, reconnaissant que l'opération de démantèlement de ces sites n'a pas été correctement effectuée, ce qui constitue des risques permanents liés à toute vie dans ces zones. Sans l'ombre d'un doute, ce rapport conclut qu'il était impossible de venir à bout de la contamination de certains sites, comme il reconnait tacitement que le tir Béryl (1er mai 1962) a laissé échapper des nuages radioactifs qui s'étaient déplacés jusqu'à Djanet. Des personnels ont été contaminés de même que les populations nomades et leurs troupeaux. Ce qui est le cas présentement, puisque les zones contaminées par les bombes atomiques (Gerboise Bleue) à Hammoudia – Reggane - et (Béryl) à In Ekker – In M'Guel), représentent encore un danger pour les populations de transhumants. La protection de l'environnement ne semblait pas trop intéresser les autorités en charge du programme. Bien au contraire, des expériences ont été menées pour mesurer le degré de contamination des sols et la manière dont pourraient se disperser dans la nature des résidus radioactifs. Les retombées radioactives sur les environs ont été estimées mais les valeurs mesurées sont longtemps restées secrètes, tout comme les tirs aériens, les tirs souterrains d'In Ekker en ont provoquées. Sur les treize explosions en tunnel, quatre officiellement ont généré des fuites d'éléments radioactifs. La confidentialité entourant ces essais a freiné et même empêché à la fois la reconnaissance de ces effets et l'adoption de mesures de sécurité pour les populations locales. L'hypocrisie politico militaire, fit que les premiers forages du Centre d'Expérimentations Militaire des Oasis (CEMO) dans le Taourirt Tan Afella (Tamanrasset) soient camouflés derrière de soi-disant recherches de minerais d'or et d'uranium. Le site commença à se développer au début de 1961 avec la création d'un aérodrome au nord-est d'In M'guel et des travaux d'aménagement de la base vie se trouvant elle presque à mi-chemin entre le village targui de In M'guel et le puits de In-Ekker. Il serait moral que la France, qui a semé la mort et qui n'avait aucune certitude quant à la fiabilité de ses expériences, (n'avait-elle pas, en effet, préparé 6000 cercueils à toutes fins utiles ?), reconnaisse enfin, que la colonisation ce n'était pas « positif » pour les milliers de personnes irradiées et pour les autres milliers potentiellement malades à venir car, faut-il le rappeler, la demi-période de l'uranium 235 est de 24.000 ans. D'ailleurs, sur le terrain, la radiation est toujours aussi forte, plusieurs dizaines de fois plus forte que la radioactivité naturelle. Les immenses, majestueuses et outrageusement belles étendues autour d'In Ekker, furent polluées pour les siècles à venir, laissant place à la mort rayonnante qui seme dévastations et maladies parmi la flore et la faune dans un univers vitrifié, désormais incompatible avec toute forme de vie. Pour l'éternité, c'est précisément là, malgré ce danger, dans ces zones fortement irradiées, que précisément en Février 1992 des milliers d'algériens seront déportés et internés 32 ans après la signature des Accords dits « d'Evian ». Accords comprenant une clause secrète dont Réda Malek connait les détails en sa qualité de dernier survivant des signataires de la dite clause qui a permis à la France « humaniste », d'expérimenter onze (11) essais mortels après le 03 Juillet 1962 avec de lourdes conséquences du fait que les atomes radioactifs émettent des rayonnements (un peu comme les rayons UV du soleil). Ces rayonnements « ionisent » la matière sur laquelle ils sont projetés : c'est-à-dire qu'ils enlèvent ou ajoutent des charges aux atomes électriquement neutres qu'ils rencontrent. Ces particules bien entendu entrent en contact avec les tissus biologiques (peau, yeux, muqueuses, mais aussi, par inhalation, poumons et estomac) et altèrent les molécules de ces tissus, notamment l'ADN. Le corps réagit alors et répare les lésions (ou remplace les cellules) quand la dose de rayonnement ionisant est faible. Mais au-delà d'une certaine dose, les cellules meurent. Une exposition à une forte dose de radioactivité entraîne dans l'immédiat des brûlures, des nausées et des diarrhées, à terme, elle est facteur de cancers. Les vents sahariens ayant exportés les particules radioactives du plutonium très loin, on dénombrera par la suite, de nombreux décès par cancer et leucémie dans les contrées avoisinantes, qui n'ont pas jusqu'à présent été décontaminées, c'est la raison pourquoi aujourd'hui ces régions fortement irradiées, enregistrent de nombreuses malformations chez les nouveaux nés, (système immunitaire déficient). Conformément aux accords d'Evian (?), les sites du CSEM et du CEMO ont été remis aux autorités algériennes dans le courant de l'année 1967, sans qu'il ait été procédé au démontage de l'ensemble des installations techniques, au nettoyage et à l'obturation des galeries. C'est finalement toute la chaîne alimentaire qui a subi une extinction massive et instantanée à l'échelle de l'évolution. La France est au sommet de cet édifice « civilisateur », il y eut de ce fait, la disparation de la vie au sens large autour de Reggane et d'In Ekker. Voilà donc, en résumé une œuvre positive parmi tant d'autres, léguées par la France des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Un demi siècle plus tard, l'expérimentation entre autres de « Gerboise Bleue » à Reggane et de « Béryl » à In Ekker (In M'guel) ne se chante plus sur la musique de la fierté nationale. Au fil des années, la déclassification de ces dossiers a éclairé ces essais d'un jour nouveau. Il est indiscutable que des Etres humains (soldats français et habitants de la région), ont été gravement contaminés dans les jours et les années qui ont suivi peu de précautions ont été prises au moment des essais, Gerboise bleue était d'ailleurs orientée vers l'étude des conséquences d'une explosion sur l'environnement immédiat. Si le Centre Saharien d'Expérimentations Militaires (CSEM) a choisi la région de Reggane, ce n'est entre autres pas parce que la densité de la population y état faible, elle était loin d'être nulle. Plusieurs milliers de militaires français, dont des appelés du contingent, travaillaient dans le camp installé à quelques dizaines de kilomètres de Reggane, là ou ont eu lieu les quatre premiers tirs atmosphériques du 13 février 1960 au 25 avril 1961, un village regroupant à l'époque, plus de 2000 habitants, ce qui n'est pas négligeable. En plus que la région était parcourue par les nomades qui ont sillonné ces zones contaminées durant des années. Quant à l'étendue des zones affectées, les vents du désert et de la stratosphère atteinte par les particules les plus fines, la rendent très vaste. Les retombées radioactives sur les environs ont été estimées mais les valeurs mesurées sont longtemps restées secrètes. L'Etat doit reconnaitre sa responsabilité. Nos revendications sont légitimes, nous avons été internés dans des régions radioactives où ne n'avions pas à être. Personnellement ce n'est pas pour l'argent que je me bats mais pour ma dignité et pour honorer la confiance placée en moi par mes compagnons des camps du désert. En 1992, on a été livrés à la radioactivité, aujourd'hui laissés pour compte sans aucune considération et sans aucun suivi médical. Après avoir été livrés à l'irradiation, nous voila livrés à la Polyglobulie, à la leucocytose, la lymphocytose, enfin des tumeurs qui finissent plus tard par devenir un cancer de la peau. Devrions-nous comprendre et conclure définitivement que ce dossier ne constitue pas une priorité, et que l'objectif inavoué vise d'un coté à occulter la clause secrète contenue dans les accords d'Evian ayant permis la poursuite des essais criminelles en terre présumée indépendante (ou presque), et de protéger des irresponsables politiques (Harkis du système), qui ont failli à leur devoir dans l'exercice de leurs missions et de leur responsabilité gouvernementale, et d'un autre coté, les auteurs du coup d'Etat militaire de 1992, ainsi qu'à ignorer notre juste revendication pour la raison que nous, nous sommes un corps électoral en voie de disparition qui ne rapportera rien au pouvoir, si ce n'est que des ennuis ? Notre demande tendait pourtant à obtenir un règlement politique à ce scandale militaro-sanitaire. Faut-il comprendre que, seule la voie judiciaire internationale permettrait une reconnaissance des actes criminels qui ont été commis ? Le Comité de Défense des Internés des Camps du Sud, estime que cette attitude est méprisante à l'égard des victimes des Camps de la mort, comme il considère que, d'une part le comportement des responsables qui sont impliqués dans cette démarche criminelle est à la limite impardonnable, et d'autre part le Comité relève que le silence enrobant la question des camps du sud, connote et dénote à la fois, un silence qui prête à suspicion. Liste des maladies reconnus comme « radio-induites » dans le manuel US 2003 des radiations ionisantes (ionizing radiation Handbook 2003). http://www1.va.gov/irad/ Leucémies sauf leucémie lymphoïde chronique Cancer de la thyroïde – Cancer de l'estomac Cancer du sein – Cancer de l'œsophage Cancer du poumon tumeur maligne de la trachée, des bronches, du poumon Cancer des os – Cancer primitif du foie Cancer du colon Cancer du pancréas – Cancer du rein Cancer de la vessie – Cancer des glande salivaires (tumeur maligne de la glande principale) Myélome multiple – Cataracte sous capsulaire postérieure Nodule thyroïdien non malin Cancer de l'ovaire Adénome parathyroïdien Tumeurs malignes du cerveau et système nerveux central Lymphomes autre que Hodgkin Cancer du rectum Cancer de l'intestin grêle – Cancer du pharynx Cancer des voies biliaires – Cancer de la vésicule biliaire Cancer du bassinet, de l'uretère, et de l'urètre. Cancer de la prostate Carcinome broncho-pulmonaire (une maladie pulmonaire rare). Tumeurs bénignes du cerveau et du système nerveux central. Autres affections malignes non listées dans les maladies précédentes. * Porte parole des Internés des Camps du Sud Lectures: