Drapée de l'emblème national, la dépouille mortelle de la romancière, Assia Djebar, a été accueillie sous les youyous et les applaudissements dans une salle du palais de la culture Moufdi-Zakaria, où elle a été exposée pendant près de deux heures. Les présents ont pu jeter un dernier coup d'œil sur cette icône de la littérature algérienne et mondiale et présenter leurs condoléances à la fille de la défunte, Jalila, sa sœur Sakina, son frère Samir et sa mère Baya, centenaire. La ministre de la Culture, Mme Nadia Labidi, a salué le riche parcours d'Assia Djebar et son engagement pour la promotion de la littérature algérienne, qualifiant son décès de grande perte pour l'Algérie. D'autres personnalités ont fait le déplacement. Certains à l'aéroport, d'autres au palais de la culture, tels Reda Malek (homme politique), Lamine Bechichi (homme de culture et de politique), Z'hor Ounissi (ancienne ministre de l'Education nationale), Louisa Hanoune (secrétaire générale du PT), Mahieddine Amimour (ancien ministre de la Communication), Mounia Meslem (ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme), Mostefa Lahbiri (directeur général de la Protection civile), Mohamed Seghir Babas ( président du Conseil national économique et social), Djamel Ould Abbes (ancien ministre de la Santé), Azzeddine Mihoubi (président du Haut conseil de la langue arabe) Bernard Emié (ambassadeur de France en Algérie). Il y avait aussi quelques artistes et des libraires. « Je suis fière de ma fille. Aujourd'hui toute l'Algérie pleure sa disparition » déclare, dignement, sa mère, Baya. Après la Fatiha, l'assistance a assisté à l'oraison funèbre prononcée par le poète et écrivain Brahim Sadiki, au nom de la ministre. « L'Algérie perd en la personne de l'intellectuelle Assia Djebar une grande dame. Sa perte constitue une épreuve douloureuse pour tout le peuple algérien. Elle a été, sa vie durant, une militante au service de la culture » et « profondément attachée à sa patrie ». Pour leur part, plusieurs compagnons de la défunte ont affirmé que cette dernière jouissait d'un sens patriotique élevé et avait consacré toute sa jeunesse au savoir, à la connaissance et à la recherche. Dans une autre grande salle du palais de la culture, des lectures d'extraits des œuvres d'Assia Djebar se sont succédé. C'est dans un vocabulaire simple, profond et riche en poésie que les textes de « la bougie qui a éclairé le chemin des femmes » ont été déclamés par des jeunes pleins de talents comme Lynda Bensid autour du roman « Blanc d'Algérie », ou encore d'Adila Bendimerad sur le livre « Les nuits de Strasbourg ». Des ouvrages gorgés de lumière et de bruits de nature. Les romans écrits donnent une vision somptueuse toute baignée de lumière et de romantisme passionné. Un travail d'une tenue exemplaire. Autre moment d'émotion, celui de la déclamation de Cheikh Madani qui lira un texte poétique en louant Dieu et le Prophète Mohamed (QSSSL). Cet interprète semble voler vers la salle en tenant en haleine le public. A l'évidence, le partage est complet et le moment de déclamation est gracieux, radieux et accompli. A la fin de cette cérémonie, le public s'est quitté sur un chant de Taous Amrouche. « Le meilleur hommage que l'on puisse lui rendre est de lire ses livres et d'enseigner son œuvre dans les manuels scolaires algériens », estiment ceux qui ont fait le déplacement au palais de la culture. Un souhait que le ministère de la Culture s'apprêterait à exaucer. « Nous sommes en train de réfléchir à la traduction de ses œuvres en arabe », confie Mme Labidi.