« Mouâaq Wa Lakin ... » (Handicapé, mais ...) est le titre d'une nouvelle pièce de théâtre. Mise en scène par le duo Djamel Guermi-Abbes Mohamed Islam et écrite par Rezzak Mohamed Nabil, le secrétaire général de la fédération nationale des handicapés, elle est dédiée, comme son nom l'indique, aux personnes en situation de handicap. Sa générale sera donnée au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi le samedi 14 mars à 16h, à l'occasion de la Journée nationale des handicapés. Nous avons assisté, mercredi dernier, au TNA, au filage de cette inédite représentation qui sera jouée par douze handicapés moteurs, visuels et physiques (Amina Kettab, Ali Baba Fatma-Zohra, Aïssa Aniche, Larbi Gaoui, Nour El Hadi Gouasmia, Abdelmadjid Ourabah, Toufik Aïssaoui, Chafik Abbad, Bilal Saïdi, Karim Louanchi, Djamel Sam et Karim Bettou). Tout d'abord, que signifie pour vous le mot handicapé ? C'est connu, un handicapé est une personne dont l'intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, à cause de différents facteurs. Seulement, il faut dire que la volonté dépasse le handicap. Nous l'avons découvert et appris durant cette riche et émouvante expérience qui nous offre une autre vision de la vie professionnelle et humaine. Parlez nous de cette nouvelle expérience, comment s'est faite la rencontre ? Tout d'abord, avant d'entamer ce spectacle, nous avons animé un atelier de formation et d'initiation au théâtre, vu que ces comédiens n'ont jamais exercé auparavant. Nous leur avons fait découvrir l'univers du 4e art et sa dimension ludique en leur offrant un espace d'expression, d'exploration, de rencontre avec l'autre, afin d'enrichir la vie et de développer la créativité de chaque participant. Cette créativité peut aider à se construire dans la vie de tous les jours. Ces jeunes sont motivés, pleins de fougue et de passion pour ce métier. Êtes-vous de cet avis ? Nous sommes surpris et abasourdis par la passion de ces jeunes pour le 4e art. Ils viennent de loin, ils prennent divers transports et ne ratent jamais les répétitions. Ils écoutent, ils notent, ils donnent le meilleur d'eux-mêmes. Ils sont comme des pages blanches qu'on remplit au fur et à mesure. En plus, ils ne rechignent jamais à la tâche et ne se rebiffent pas. C'est étonnant et encourageant. Finalement, c'est nous les handicapés ! Quels enseignements tirez-vous de cette expérience ? Sur le plan professionnel, nous avons découvert une proximité très physique, une énorme passion et l'envie grandissant d'apprendre. Nous avons découvert des comédiens impressionnants. Nous avons réussi à créer, avec la plus grande authenticité, des présences, des liens, des relations et des actions. Sur le plan humain et religieux, c'est de notre devoir d'aider notre prochain, notamment les handicapés. On sent que c'est le spectacle de l'année... Oh, oui. C'est un spectacle qui nous tient à cœur. Il nous procure un immense plaisir et de la joie surtout en sachant que l'équipe est très réceptive et a cette soif d'apprendre. Quel merveilleux moment que nous avons passé ! Le spectacle est dynamique, amusant, surprenant et plein de talents... les heures de patience sont récompensées. Cette création est une première dans l'histoire du 4e art algérien. Est-ce que les responsables du TNA ont été coopératifs ? Bien sûr. Mieux encore, les responsables du Théâtre national algérien nous ont très bien accueillis. Ils ont mis à notre disposition les espaces du TNA. Ils nous ont facilité la tâche. C'est un plaisir de travailler dans de telles conditions. Le résultat ne peut être que bon. En dehors de sa portée artistique, ce spectacle vise, surtout, à faciliter l'intégration du handicapé dans le développement économique local... Il faut prendre le temps de penser aux personnes handicapées, de les écouter et d'échanger des discussions. Ces personnes handicapées se heurtent tous les jours aux difficultés économiques et sociales et souhaitent qu'on les intègre dans la vie active.