Ankara, qui a fait du président Assad sa bête noire, souhaite que ces rebelles, qui pourraient être opérationnels d'ici la fin de l'année, soient entraînés pour combattre et le régime de Damas et Daech qui contrôle de larges zones en Irak et en Syrie. Washington, qui a entamé en septembre des attaques ciblées contre des positions de l'organisation terroriste, aimerait que ces rebelles soient versés surtout dans la lutte contre Daech. Selon le Pentagone, plus de 5.000 opposants au régime syrien vont bénéficier de ces entraînements militaires dès sa première année. 48 heures avant le début de cette formation, des représentants de la coalition nationale syrienne en exil et du comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), principal regroupement de l'intérieur, ont réussi à s'entendre à Paris à l'issue de deux jours de discussions sur une feuille de route qui mettrait, selon eux, fin au conflit qui ravage leur pays depuis presque cinq ans. « C'est la première fois que nous aboutissons à un accord avec la coalition », affirme Khalaf Dahowd, membre du bureau exécutif du CCND, qui a présenté, hier à Damas, ce texte à ses camarades. « Ce fut une rencontre syro-syrienne, sans l'implication de puissances étrangères, et cela s'est très bien passé » précise Dahowd. « Si nous trouvons que l'accord est compatible avec la politique du CCND, nous l'approuverons », conclut-il. « La majeure partie de l'opposition est, aujourd'hui, convaincue qu'il n'existe qu'une option politique et nous allons essayer de sauver ce qui reste du pays », indique Mounzer Khaddam, porte-parole de l'opposition intérieure avant de « détailler » cet accord « basé sur les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, du communiqué du groupe d'action pour la Syrie rédigé à Genève le 30 juin 2012 et de documents présentés par les deux parties ». Selon la coalition, qui insiste sur la « nécessité d'un consensus régional et international pour faire aboutir les négociations », la feuille de route « spécifie que le premier objectif des négociations avec le régime d'Assad est d'établir un système pluraliste, démocratique et civil qui assure des droits et des devoirs égaux à tous les Syriens ». Seul sujet de polémique, l'avenir du président El-Assad. Le CCND n'a pas une position aussi tranchée que la coalition qui pose, comme préalable à toute discussion, son départ. Selon Khaddam, le régime fait partie de la solution. « Lors des négociations (avec le régime) nous pourrons discuter non seulement des problèmes de la présidence, mais aussi d'autres dossiers. Tout est ouvert et celui qui fixe des conditions préalables ne veut pas de solutions », dit-il. En attendant la suite qui sera donnée à cet accord par les autres parties, les Etats-Unis s'en félicitent. « Les efforts reflètent la volonté de l'opposition modérée d'aboutir, à travers un processus négocié basé sur le communiqué de Genève, à une Syrie démocratique, pluraliste et unifiée qui respecte l'Etat de droit et les droits des citoyens », déclare la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki. Bachar el-Assad, qui a consolidé sa position sur le champ de bataille, fait partie de la solution en Syrie, indique le médiateur de l'ONU, Staffan de Mistura, convaincu que « la seule solution à la crise syrienne est une solution politique » et que faute d'accord, « le seul à profiter de la situation » est Daech qui est « comme un monstre qui attend que le conflit se poursuive » pour étendre ses tentacules. L'Occident va-t-il demander à l'opposition de reprendre contact avec El-Assad pour contrer Daech ? La question est déjà sur la table dans certaines capitales occidentales. Comme à Paris depuis le retour de Syrie des quatre parlementaires.