C'est un Parlement européen (PE) «choqué» par les violences marocaines contre des civils sahraouis qui s'est réuni jeudi à Strasbourg pour réaffirmer le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Une première. Le PE, qui a chargé sa Commission des affaires étrangères d'ouvrir mercredi prochain un débat avec des représentants des parties impliquées dans le conflit sahraoui, appelle toutes tendances confondues, à briser le mur du silence imposé par le Maroc avec le soutien de la France officielle. Les eurodéputés demandent «instamment» dans une résolution, un, «une enquête internationale indépendante et transparente» pour faire, sous les auspices de l'ONU, la lumière sur ce qui s'est passé à El Ayoun, après le démantèlement le 8 novembre du camp de Gdeim Izik, deux, le libre accès aux journalistes, observateurs et parlementaires au Sahara Occidental, trois, une augmentation de l'aide humanitaire aux réfugiés, quatre, l'arrêt de l'exploitation des ressources naturelles sahraouies sans « retombée pour la population locale », cinq, l'instauration, par les organes des Nations unies, d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme au Sahara Occidental. Ces « cinq » demandes, même si elles ne font pas état du sort des prisonniers sahraouis et de l'envoi d'eurodéputés sur place, constituent indéniablement autant de revers pour le Maroc qui a essayé de faire repousser l'examen de la question sahraouie à la session de décembre. « Ici c'est le Parlement européen et non celui du Maroc », auraient répondu les eurodéputés le 18 novembre dernier à Taeib Fassi Fihri, après lui avoir rappelé deux choses. Primo, l'ONU est l'organe le plus approprié pour mener une enquête internationale et indépendante sur les événements, les décès et les disparitions. Deusio, l'Union européenne soutient les efforts de l'ONU « pour trouver une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental ». Tertio, la question du Sahara Occidental, dont l'exploitation des ressources naturelles, figurera dans l'agenda du Conseil d'association Maroc-UE. Le Maroc, plaque tournante de la drogue et de tous les trafics, regrette cette résolution. Elle est «précipitée, partiale, injuste et non objective », selon Khalid Naciri, le ministre de la Communication, convoquant les partis du Royaume à organiser demain à Casablanca des marches de soutien du Trône car, selon lui, la résolution européenne « risque de menacer la stabilité dans la zone euro-méditerranéenne ». A Rabat, on murmure que Mohamed VI s'apprêterait à couper des têtes et à remettre en selle le général Hamidou Laânigri, l'ex-patron de la police.