Comme les deux journées des 26 et 27 ont été consacrées aux expositions des œuvres et de la biographie de Mammeri dans le hall des expositions de la maison de la culture qui a drainé un grand monde, de nombreuses conférences ont été organisées samedi. M. Mohand Akli Rezzik, enseignant à l'Université M'hamed Bouguera de Boumerdès, a été le premier intervenant. Dans son écrit ayant pour thème « Ce que la Traversée doit au temps », il a fait une lecture succincte du roman de Mammeri en déclarant : « C'est avec le recul d'un guerrier et un œil aguerri que Mouloud Mammeri retrace l'itinéraire de sa Traversée ». Et d'ajouter : « Fort de sa certitude et de sa raison, il s'embarque sans gêne dans la mise en évidence des rapports tumultueux entre la complexité des aléas des hommes et la noblesse d'un idéal qui n'est autre que celui de la patrie ». Dr Malika Boukhellou du département de français de l'UMMTO, est revenue dans une conférence sous le thème « Tala Ouzrou, la source du chant premier ou le cri de l'atavique révolte », sur l'une des œuvres maîtresses de Mammeri : « L'Opium et le Bâton ». Pour elle, cette œuvre littéraire publiée en 1965 relate les événements de la Guerre d'Algérie et retrace à travers l'épopée de Tala Ouzrou, celle de tout le peuple algérien. Selon elle, le projet de Mouloud Mammeri est « sous-tendu par le souci de montrer la participation plénière de son peuple à l'épreuve de la Libération, mais aussi par l'exigence de présenter cet événement à travers plusieurs angles de vue ». Dans cette œuvre, dit-elle, « Mammeri a décrit le conflit tant du côté algérien que du côté français, mais aussi du troisième côté qui constitue l'entre-deux, celui des harkis ». Elle soulignera la volonté de l'auteur de comprendre, d'informer et d'ériger des traces qu'il donne aux morts en vue de laisser place aux vivants. Le Dr Houria Bensalem, du département des Lettres arabes à l'UMMTO, ne manquera pas de souligner que l'œuvre « l'Opium et le Bâton » a décrit les réalités politiques et la représentation de la société kabyle avec tous ses attributs durant la guerre de libération avec son vécu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle dira aussi que Mammeri a été en mesure de présenter la profondeur de la souffrance de l'Algérien qu'il soit ordinaire, intellectuel ou petit-bourgeois avec ses différences et ses fortes sensations. Le Dr Samia Daoudi et le Pr Omar Belkhir du département de Lettres arabes de l'UMMTO sont revenus, quant à eux, dans leur conférence « la guerre, la sensibilisation et la conscience dans la Colline oubliée et le Sommeil du juste » sur le dualisme entre l'ego que Mammeri refuse d'utiliser en dépeignant la vie des villages et de la campagne en utilisant le « il » de la troisième personne. Ils se sont attelés à reprendre, à travers les œuvres de Mammeri, la Seconde Guerre mondiale et son impact sur l'Afrique du Nord mais surtout sur l'Algérie. « La Seconde Guerre mondiale est la cristallisation de la conscience des intellectuels algériens », indiquent-ils. Le Dr Aini Betouche du département de français de l'UMMTO a eu à analyser quelques textes littéraires de Mammeri pour voir sa façon de produire l'Histoire, de l'expérimenter et de la mobiliser dans l'espace de l'histoire. « Mammeri, dit-il, est loin d'être un historien, de par sa perception de l'Histoire de l'Afrique en général et celle de l'Algérie particulièrement. » A quelques encablures de la maison de la culture, Beni Yenni s'est souvenu aussi de son fils. Elle a organisé un cycle de rencontres et de conférences sous le thème « Mouloud Mammeri ou la colline emblématique ».