La grève du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) est-elle une action politique ? Pas une once de doute, ont laissé entendre, hier, à Alger, des inspecteurs du ministère de l'Education nationale. Nadjadi Messeguem, inspecteur général de l'administration, a souligné que tous les ingrédients d'une grève politique sont réunis. « Lorsque sur un plateau télé, un représentant de ce syndicat s'adresse directement au président de la République et au Premier ministre au lieu du ministère de l'Education qui est son employeur, il va sans dire qu'il endosse le costume politique et qu'il a bel et bien les prétentions d'un parti politique », a-t-elle indiqué lors d'un atelier sur l'éducation nationale. Pour sa part, Farid Benramdane, conseiller chargé des questions de pédagogie au ministère de l'Education nationale, a soutenu qu'il y a une volonté de casser l'école publique. Il dira que les grèves répétitives des syndicats ont fait perdre aux élèves deux ans d'enseignement. Et de faire savoir que la majorité des enseignants qui font grève sont professeurs de physique et de mathématiques. Pour lui, les raisons sont claires, et ces derniers sont beaucoup plus préoccupés par les cours particuliers qu'ils dispensent aux élèves. Benramdane soupçonne des enseignants d'être les rédacteurs du document appelant les élèves, via les réseaux sociaux, à sortir dans la rue. « Le message diffusé en 2014 sur les réseaux sociaux a été rédigé d'une façon remarquable. Nous avons l'impression qu'il a été écrit par un titulaire d'un doctorat d'Etat », soutiendra-t-il. Il estime que l'école publique est sur le plan pédagogique dans une situation chaotique. « Vous n'avez rien à espérer » Abdelhakim Belabed, directeur des ressources humaines au ministère de l'Education nationale, ne comprend pas le recours excessif à la grève au moment où les travailleurs ont obtenu des acquis considérables. En matière de salaire, il évoque la révision par deux fois du régime indemnitaire, le calcul des différentes primes sur le salaire principal au lieu du salaire de base,... Il en est de même pour les acquis ayant trait à la carrière des enseignants avec l'amélioration de la périodicité de la promotion dans les échelons, la prise en charge totale et définitive des professeurs techniques, la création du grade d'enseignant principal et de formateur dans les trois cycles, et de l'inspecteur de l'administration au primaire. Pour lui, le ministère ne pratique pas la politique de deux poids, deux mesure dans sa façon de traiter avec les syndicats, et ne fait pas dans la fuite en avant dans la prise en charge des revendications des syndicats. « Nous sommes guidés par la transparence, nous savons ce que nous faisons », a tranché le directeur des ressources humaines au ministère de l'Education. Il a soutenu que les revendications des syndicats, particulièrement la retraite après 25 ans de service et la promotion automatique, sont irrecevables. « Vous n'avez rien à espérer. C'est impossible », a-t-il indiqué à l'adresse des syndicalistes. Son argument : de par le monde, la promotion n'est pas automatique, elle obéit à des normes strictes, entre autres, la formation, l'obligation de passer un concours. Sinon pour les autres revendications, à l'image de la revalorisation des heures supplémentaires, l'effet rétroactif, la cas des enseignants en voie de disparition, les corps communs, la prime d'encadrement ont été prises en charge et leur concrétisation demande du temps, notamment pour le statut particulier. « Notre secteur a besoin de stabilité et de calme pour pouvoir mettre en œuvre tous ces chantiers », a dira Belabed.