Bien que les syndicats de l'éducation en grève depuis plus de deux semaines ont salué la rencontre tenue, mardi dernier, avec des représentants du ministère de l'Education nationale et de la Fonction publique pour éclaircir les visions sur les revendications en suspens, mais ils ne semblent pas bien satisfaits. Concernant des suites à donner à cette réunion, ces syndicats assurent en revanche que la "décision de geler ou poursuivre la grève ne sera tranchée qu'une fois la base consultée". Cela devrait se passer en cette fin de semaine, soit au plus tard durant le week-end.
En tout cas, onze points de discorde dont la révision du statut de l''enseignant et la question des primes ont fait l'objet de cette réunion très importante surtout pour les élèves en cycle d'examen. Cette réunion a été organisée suite à une initiative du ministre du secteur, M. Baba Ahmed qui a, ainsi, appelé la reprise du dialogue avec les syndicats du secteur pour "dégeler" la situation due à une grève observée depuis plus de deux semaines par les enseignants et les travailleurs qui revendiquent, notamment, la révision du statut particulier de l''enseignant et l''actualisation des indemnités dans la région du Sud et des Hauts-Plateaux. "Suite au problème que connait le secteur depuis deux semaines et en concertation avec le Premier ministre, nous avons décidé de relancer le dialogue ", a-t-il dit, indiquant avoir appelé les syndicats "à venir lire et signer avec nous le procès-verbal concernant les différents points relatifs à la Fonction publique". Des résultats de cette réunion, on notera la demande des syndicats concernant le passage d''un grade à un autre sans formation préliminaire, au sujet de laquelle le ministre a indiqué que le changement de grade passe "nécessairement" par l''amélioration du niveau de formation. "Les syndicats veulent des dérogations dans ce sens. La Fonction publique considère cette revendication comme non recevable", a-t-il affirmé. Il a noté, par ailleurs, que la prime de rendement de performance pédagogique (40% du salaire de base) "est presque acquise, puisque, a-t-il relevé, tous les travailleurs sont notés à 40%". Concernant les revendications relatives aux primes du Sud, aux logements du Sud, à la médecine du travail, ils sont "définitivement réglées", ajoutant avoir obtenu des accords avec le ministère de la Santé et celui de l'Habitat en ce sens. "Nous avons déjà lancé les mises en place de ces revendications", a-t-il assuré. Concernant la décision de la Justice qui a déclaré illégal le mouvement de grève, il a indiqué que le ministère de l''Education nationale avait été contraint d''introduire, la première semaine de grève, une action en justice à la suite de la décision des syndicats de poursuivre leur mouvement. "Nous avons aussi donné des instructions pour sanctionner les grévistes. Il s''agit de sanctions réglementaires relatives à des ponctions sur salaires, qui ne sont, toutefois, pas encore été effectuées", a-t-il dit. Toutefois, a-t-il dit, ces mesures disciplinaires peuvent être revues s''il y a reprise du travail.
...Et les élèves dans toute cette histoire ? Et pour les élèves dans toute cette histoire de grève dont ils n'avaient vraiment pas besoin, et concernant les retards dans les cours engendrés par la grève, le ministre a estimé que ces cours seront "rattrapés avec un effort de la part des enseignants". L'Union des parents d'élèves de la wilaya d'Alger (UPEWA) a appelé mardi à la reprise immédiate des cours, et a estimé que les enfants sont pris "en otage" par cette grève. "Nos enfants sont pris en otage dans un conflit qui ne les concerne pas. Ils doivent rejoindre immédiatement leurs classes", a déclaré le président de l'UPEWA, Abdelkrim Akhel dans une conférence de presse au siège de l'association. Le chef de cabinet du ministre et secrétaire général par intérim du ministère de l'Education nationale a appelé les syndicats grévistes à faire preuve de sagesse et à placer l'intérêt de l'élève au-dessus de toute considération soulignant que cette rencontre a été tenue pour éclaircir les visions et exprimer l'intention du ministère à engager un dialogue "sérieux" avec ses partenaires sociaux pour trouver des solutions aux revendications en suspens. "Pour chaque enseignant gréviste qui rattrapera les cours, son salaire sera restitué", a-t-il affirmé, précisant que les rattrapages seront programmés samedi, mardi après-midi et les vacances scolaires de printemps. Dans une déclaration à la presse à l'issue de la rencontre qui a eu lieu en l'absence du ministre de l'Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed, les représentants des syndicats grévistes ont salué la tenue de cette séance qui a permis aux représentants de la Fonction publique, "la seule partie habilitée à introduire des amendements aux statuts particuliers des travailleurs de tous les secteurs y compris ceux de l'éducation" d'exprimer ses positions, affirmant que la "décision d'arrêter ou de poursuivre la grève sera tranchée après consultation de la base". Le chargé de l'information de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (l'UNPEF), Messaoud Amraoui, a indiqué que son syndicat "salue la réunion qui a permis d'apporter des précisions concernant nos revendications en présence des représentants de la Fonction publique", soulignant en revanche que certaines d'entre elles restaient en suspens, notamment en l'absence d'un calendrier. Pour sa part, le chargé de l'information du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST), Boudiba Messaoud, il a noté que la réunion a "permis d'écouter les réponses des représentants de la Fonction publique autour de la revendication relative au statut particulier", ajoutant que des points "noirs" nécessitaient des explications, notamment en ce qui concerne les postes appelés à disparaître. Belkhal Moussa, responsable de l'organisation au CNAPEST, a fait savoir que cette rencontre a été une occasion pour débattre de certaines revendications qui restent en suspens dont la promotion automatique et les primes de zone. Enfin, il est à préciser que la décision de l'arrêt de la grève sera prise le week-end prochain à l'issue de la réunion du conseil national du syndicat.