Le second tour de la présidentielle ivoirienne, censé mettre un terme à la crise politico-militaire née du coup d'Etat manqué de 2002, se déroulera aujourd'hui dans un climat tendu. De nouveaux heurts entre les partisans de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les deux candidats, ont fait plusieurs blessés. Gbagbo, le président sortant, qui a mis en place des mesures d'urgence pour prévenir les violences, appelle les Ivoiriens à mettre fin à une décennie de troubles en votant pour celui qui a ramené la paix. Il a réquisitionné les forces armées nationales pour renforcer la présence de la police et la gendarmerie dans les différentes localités. Il a aussi décrété un couvre-feu dès aujourd'hui à 22 heures pour éviter les violences après le vote et permettre à la commission électorale de travailler dans un climat de sérénité, promettant le bon déroulement du scrutin. Cette décision irrite Ouattara qui promet à ses partisans qu'il n'y aurait pas de couvre-feu et qu'il reconstruira son pays s'il est élu président. « Gbagbo dramatise les choses, alors que les incidents actuels sont localisés », a-t-il estimé, assurant que son adversaire a instauré le couvre-feu pour ne pas laisser éclater la joie des Ivoiriens dans les rues d'Abidjan. La veille du scrutin, la tension a baissé d'un cran. Les deux postulants se sont mis d'accord sur les remèdes qui sortiraient le pays de la crise et se sont engagés à respecter le résultat de cette « élection historique ». Les deux femmes des candidats ont mené campagne et ont mis tout leur poids pour les faire élire à la magistrature suprême. Navi Pillay, la Haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, qui a critiqué la violence pendant la campagne électorale, appelle les deux candidats et leurs partisans à s'astreindre de tout acte de violence et à décourager toute incitation à la haine. Blaise Compaoré, le président burkinabé et médiateur dans la crise ivoirienne, a entamé hier une visite à Abidjan. Il s'est entretenu avec les deux candidats pour contribuer à l'apaisement. L'élection présidentielle, six fois repoussée depuis la fin du mandat de Gbagbo en 2000, permettra-t-elle à la Côte d'Ivoire de sortir de la décennie de crise ?