Le texte de loi portant amendement du code pénal ne contredit nullement la charia. C'est ce qu'a affirmé, hier, Tayeb Louh, ministre de la Justice, garde des Sceaux, dans sa réponse aux députés.Sa déclaration était destinée, notamment, au groupe parlementaire de l'Alliance de l'Algérie Verte (AAV) ayant plaidé pour le retrait de ce texte susceptible, selon lui, de « fracturer la cellule familiale ». Le ministre a su défendre son projet en justifiant, arguments à l'appui, les motifs ayant poussé le gouvernement à légiférer pour une meilleure protection de la femme de la violence sous toutes ses formes. « Partant de faits réels et de chiffres vérifiés, de nouvelles dispositions ont été introduites dans le code pénal et ce tout en tenant compte des spécificités sociétales et des traités internationaux ratifiés dans ce sens. L'élaboration de ce texte n'a subi aucune pression, contrairement à ce qui se dit çà et là. La démarche s'inscrit dans le cadre d'une stratégie gouvernementale souveraine », affirme Louh, en faisant remarquer « qu'il ne faut pas contredire la charia qui, justement, ne tolérerait pas un tel vide juridique ». Evoquant la violence économique, le ministre a indiqué que ce projet de loi renferme un article qui sanctionne l'homme abusant des biens de la femme et ce en application à la religion qui stipule clairement que la dîme financière de la femme est indépendante. « Le partage des dépenses est un principe occidental qu'on ne voudrait pas consacrer dans nos lois. Nul n'a le droit d'obliger la femme à débourser son argent contre son gré », dira Louh, en soulignant que ladite loi a consacré, par contre, « le principe du pardon » laissé à l'appréciation de la femme ayant fait l'objet d'intimidation de la part de son conjoint par rapport à cette question. Au sujet de la violence sexuelle, le ministre de la Justice a rappelé que la religion condamne toute atteinte à la dignité de la femme que ce soit par des gestes ou des propos. « Les agressions sexuelles peuvent se produire dans les lieux publics ou dans les transports publics. Donc, nous avons consacré des principes coraniques dans cette loi pour ne pas laisser place à l'impunité », poursuit-il, en faisant savoir que l'agression délibérée émanant de la femme ou de l'homme est punie par la loi à travers des sanctions ayant fait l'objet de durcissement dans le cadre de ce nouveau texte de loi. A propos du harcèlement sexuel, Louh se désole du fait que cela fasse partie du vécu de nombreuses femmes actives. D'où la décision d'élargir les dispositions répressives aux collègues et hauts responsables s'adonnant à ces actes malsains par abus d'autorité. « Si cette disposition déplaît à certains, moi elle m'arrange parfaitement dans la mesure où elle préserve la dignité de nos femmes », lance-t-il à l'adresse de quelques députés de l'AAV qui commentaient à chaque fois ses propos. Pour ce qui est des moyens avec lesquels seront étayées toutes ces agressions, le ministre de la Justice a fait comprendre que cette question doit bénéficier d'un effort juridique supplémentaire, précisant que les victimes apportent leurs preuves et le jugement final est laissé à l'appréciation du pouvoir discrétionnaire de la justice. Pour répondre à ceux qui s'opposent au principe du pardon, Louh a affirmé que la violence, résultant essentiellement de la décennie noire, fut atténuée, notamment, par le processus de la réconciliation nationale initié par le président de la République. Aujourd'hui, l'objectif recherché est d'abord « la préservation de la famille », conclut-il.