La juriste et enseignante de droit constitutionnel à l'Institut de droit de l'université d'Alger, Mme Fatiha Ben Abbou, estime que le peuple doit participer à la consécration et l'ancrage des règles de l'exercice démocratique en Algérie. La spécialiste en droit constitutionnel et également docteur d'Etat en droit parlementaire insiste sur la nécessité de la décentralisation de la décision, « ce qui permettra l'instauration d'une vraie démocratie participative ». Elle souligne que la démocratie participative n'est pas encore concrétisée dans les pays les plus développés. « Le rôle de la démocratie participative ne se compare pas à la démocratie de mandat. Il consiste en la participation des citoyens dans la gestion de leurs communes et leurs quartiers. Les citoyens donnent leurs avis à l'Assemblée populaire communale », a-t-elle expliqué, précisant que la réussite de cette expérience en Algérie doit passer par la décentralisation de la décision. « Le code communal n'encourage guère l'instauration de la démocratie participative. Le wali a plus de prérogatives alors que c'est les élus locaux qui doivent avoir plus de libertés et de pouvoir », a-t-elle ajouté. Pourquoi ? Parce que les élus locaux connaissent mieux les préoccupations de la population et les réalités du terrain. « Mais il se trouve que les APC et les APW sont cadenassées et verrouillées. C'est pourquoi il va falloir leur attribuer plus de prérogatives et revoir l'organisation et le code communal », a-t-elle plaidé. Elle a insisté sur la nécessité de libérer les initiatives. Aujourd'hui, outre la bureaucratie, il y a trop de lenteurs dans les procédures administratives. « Le code communal de 1967 avait pour objectif de faire des APC des écoles d'apprentissage de la démocratie, or ce n'est pas le cas », a noté la juriste. Toutefois, elle rappelle que la démocratie participative est de caractère consultatif. « Elle n'est pas à caractère décisionnaire. Les citoyens ne prennent pas de décision mais ils donnent leurs avis sur des questions liées à leur quotidien », a-t-elle conclu.