Quelque 200 dirigeants politiques et militaires de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) étaient hier, pour la deuxième journée consécutive, en conclave à Kidal. Objectif de cette rencontre cruciale à laquelle ont été conviés des dirigeants traditionnels et des représentants de la société civile : se mettre d'accord pour parapher - ou non - d'ici demain au plus tard l'accord de paix signé le 1er mars à Alger par le gouvernement et les dirigeants de la plateforme. Désireux d'aboutir à un large consensus, Bilal Ag Acherif, chef du Mouvement national de libération de l'Azawad, a sollicité l'aide de Mongi Hamdi, patron de la Minusma, pour le transport des délégations de Nouakchott, Ouagadougou et Niamey à Gao puis à Kidal. Selon la presse locale, les dirigeants de la Coordination ont décidé de reporter à cet après-midi leur réponse définitive. La raison ? Le besoin d'expliquer « froidement et loin de toute passion » le document aux délégués de la jeunesse, aux chefs de faction et de tribu, aux réfugiés. Selon les premières informations publiées sur le site maliactu, le MNLA et ses alliés (le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad, la Coalition des peuples de l'Azawad, et une branche du Mouvement arabe de l'Azawad), exigent la « satisfaction » de « trois conditions ». La première, un statut politique pour l'ensemble des régions du Nord que le texte proposé signé à Alger, après sept mois de discussions, présente comme une « réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique », la seconde, une reconfiguration des forces de défense et de sécurité qui seront déployées dans ces régions, la troisième et dernière, le partage des ressources. La Coordination qui a demandé à la médiation un « délai raisonnable » pour réfléchir est formelle. Elle assure qu'elle répondra définitivement « non » si ces trois conditions ne sont pas satisfaites. Parallèlement à ces conditionnalités, tous les pays associés au processus de paix d'Alger parlent depuis le 1er mars d'une seule voix aux « récalcitrants ». Ils leur demandent de « parapher l'accord de paix dans les meilleurs délais ». Certains de ces pays comme la France vont même jusqu'à menacer ceux qui ne signeront pas d'être traités « comme des ennemis ». Samedi, à Niamey, le représentant de la Minusma n'a pas caché aux chefs de la CMA qu'en cas d'échec de cet accord, c'est la CMA qui en porterait la responsabilité. « Il n'existe pas d'autre choix, d'autre option que de s'inscrire dans la logique de paix, dans la logique de cet accord », leur dit-il. Dans un entretien accordé lundi à Reuters, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a appelé les dirigeants de la CMA à signer l'accord s'ils veulent se différencier des terroristes qui ont revendiqué l'attentat de Bamako. Dans les villes du Nord où tout le monde sait qu'à chaque fois que les négociations rentrent dans une phase cruciale, les ennemis de la paix sortent pour la « torpiller, » la population redoute le départ, de ceux qui ne sont pas d'accord avec cet accord d'Alger, vers les groupes terroristes.