À Tikrit, à 160 kilomètres au nord de Bagdad, les forces irakiennes, appuyées par des milliers de combattants chiites et sunnites, continuent à pilonner les positions du groupe Daech retranché dans la ville depuis juin dernier. Karim al-Nouri, porte-parole des Unités de mobilisation populaire impliquées dans cette opération de reconquête, a indiqué, samedi dernier, que cela ne prendrait pas plus de « 72 heures ». Les terroristes ne sont plus que « 60 à 70 » et sont « encerclés de toutes parts », a-t-il ajouté depuis le village d'Awja, à la périphérie de Tikrit. Selon des sources sécuritaires, la moitié de la ville était aux mains des forces de sécurité. Mais, leur progression a été rendue difficile par des milliers de bombes artisanales posées par les terroristes de Daech. Des raids aériens sont nécessaires pour détruire les cibles. Une intervention de la coalition est même réclamée par le le général Abdelwahab al-Saadi, commandant l'armée irakienne. La bataille de Tikrit n'est pas de tout repos. Aux difficultés rencontrées sur le terrain, la crainte des représailles est appréhendée par les habitants de Tikrit pliant sous le joug du Daech et soutenant pour certains d'entre eux le groupe terroriste. Des exactions ont été effectivement commises sur la communauté sunnite. Elles ont fait le tour des réseaux sociaux et des sites des médias arabes. Washington qui forme les militaires irakiens s'en est également inquiété. « Certaines unités de l'armée irakienne ont déjà été exclues de l'aide américaine en raison de soupçons de violation des droits de l'homme », relève un officiel du Pentagone, cité par la chaîne de télévision américaine ABC. Toutefois, il est important pour les Américains que les forces pro-gouvernementales libèrent Tikrit. Ces dernières ont contribué à « nettoyer » plusieurs localités. La mission reste ardue dans la reconquête du sanctuaire de Tikrit qui mènerait directement à Mossoul, la deuxième ville d'Irak et principal fief de Daech. Au sud et à l'Ouest de la ville pétrolière de Kirkouk, les forces kurdes irakiennes (peshmergas) ont pour leur part lancé une vaste opération la semaine dernière. Pris en étau, le mouvement terroriste d'Abou Bakr El Baghdadi brandit la menace chimique. Les autorités du Kurdistan autonome ont ainsi accusé Daech d'avoir recouru, en janvier dernier, lors d'une attaque suicide, aux bombes au chlore pour stopper la progression des forces de sécurité irakiennes.