Lancée en grande pompe, le 15 février dernier, en présence de la ministre de la Culture, Nadia Labidi, l'opération de remise des cartes professionnelles au profit des artistes, toutes catégories confondues, par le Conseil national des arts et des lettres (CNAL), se poursuit à un rythme soutenu. « Jusqu'au 17 mars, 550 cartes ont été remises, indique, à Horizons, le président du CNAL, Abdelkader Bendameche. Et sur les 2.500 demandes en cours d'étude, 1.207 dossiers ont été par validés. Grande révolution dans le paysage culturel ayant donné, pour la première fois, à l'artiste et à son métier, une existence juridique en bonne et due forme, ainsi qu'une protection sociale tant attendue, cette grande entreprise patronnée par le ministère de la Culture et celui du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, vient de mettre fin à plus de cinquante ans d'une situation socioprofessionnelle intenable pour de nombreux artistes. Tout a été, en effet, réfléchi et mis en œuvre pour réhabiliter le statut de l'artiste comme décidé par la loi promulguée en juin 2011. Un autre décret, datant du 18 février 2014, vient renforcer ladite loi en fixant au moindre détail les modalités relatives à la sécurité sociale, notamment le taux de cotisation. Pour ce qui est des personnes âgées au-delà de 65 ans n'ayant pas été pris en charge par la Caisse nationale de l'assurance sociale (CNAS) tout au long de leur parcours artistique, la loi a prévu une mesure leur permettant de bénéficier d'une protection avec effet rétroactif, mais cela obéit, comme l'indique M. Bendameche, à des conditions bien précises. Le CNAL ne s'en tient pas là. Une étude en cours plaide pour que l'Etat, par le truchement des deux tutelles précitées, puisse allonger jusqu'à dix ans le payement des cotisations de cette catégorie fragile d'artistes, qui, néanmoins jouit de cinq années de couverture assurés par la CNAS. « Tout le monde est mis sur un pied d'égalité vis-à-vis de cette nouvelle loi » tranche notre interlocuteur en soutenant, haut et fort, que celle-ci a pour esprit la promotion, à travers la prise charge réglementaire, des jeunes et futures générations d'artistes. Il suffit aux postulants à la carte de présenter un dossier comprenant une fiche de renseignement, une photocopie de la CNI, un extrait de naissance et, surtout, un CV bien ficelé mettant en avant les attestations et autres documents relatifs aux activités artistiques du concerné » insiste-t-il. Les personnes exerçant officiellement un métier autre que celui d'artiste auront droit, pour leur part, à une protection sociale particulière (2,75 du contrat qu'ils engagent avec le tiers payant) qui couvre uniquement les cas d'accidents de travail dans le cadre de leur exercice artistique. La protection sociale étant maintenant assurée pour les bénéficiaires de la carte professionnelle, les responsables du CNAL ont, aujourd'hui, les yeux tournés sur les relations de travail de l'artiste avec ses partenaires (maisons d'édition, studios d'enregistrement, sociétés de production...). « Nous entendons, avec ce statut, développer le monde de l'art en débouchant sur une véritable industrie culturelle » plaide l'ancien commissaire du Festival national de la chanson chaâbi, qui voit en ce dispositif juridique un moyen permettant aux artistes de libérer leur énergie créatrice. Le travail de recensement effectué par le CNAL sur l'ensemble du territoire national permet, selon lui, d'établir un véritable fichier national des artistes. « Il s'agit d'une base de données fondamentale qui a, par exemple, pour rôle d'éclairer les pouvoirs publics pour le lancement des grands projets culturels, tels que la construction de théâtre ou de salle de cinéma » poursuit-il en annonçant la réalisation d'un autre listing où sera répertoriée la nomenclature de tous les métiers qui sont en lien direct et indirect avec l'activité artistique.