« L'extrémisme chiite, représenté par les Houthis, et l'extrémisme sunnite, représenté par al-Qaïda, sont les deux faces d'une même pièce qui ne souhaitent ni le bien ni la stabilité du Yémen », déclare, dans une lettre adressée aux familles des victimes et publiée dans la nuit de vendredi à samedi, le président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, après avoir condamné les attentats suicide de vendredi dernier. Selon le président yéménite, ces « attaques haineuses » et « lâches » de Sanaâ « ne peuvent avoir été perpétrées que par les ennemis de la vie », qui veulent enfoncer le Yémen dans le « chaos, la violence et les luttes intestines ». Hadi, dont le siège à Aden a été attaqué jeudi dernier, est intervenu après un attentat suicide perpétré vendredi à Sanaâ. Quatre kamikazes ont détoné leurs explosifs vendredi dernier lors de la prière dans deux mosquées de Sanaâ fréquentées par des fidèles chiites dont les Houthis, qui contrôlent la capitale, faisant 142 morts et 351 blessés. Al-Qaïda, qui se bat contre les pro-Hadi et les Houthis, a affirmé, vendredi dernier, qu'elle ne visait pas les mosquées dans ces opérations. C'est le groupe Daech qui a revendiqué les attaques, ses premières au Yémen, en les présentant comme « la partie émergée de l'iceberg ». Ce groupe extrémiste s'est emparé de territoires en Syrie et en Irak et a revendiqué des attaques en Libye et en Tunisie où 20 touristes et un Tunisien ont péri mercredi dernier. Dans une première réaction aux attentats de Sanaâ, le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdelsalam, a dénoncé, hier, une « guerre claire contre le peuple et sa révolution populaire », le terme utilisé par la milice pour désigner la prise de Sanaâ « Il est désormais impératif d'achever les étapes de la révolution », a déclaré le porte-parole du mouvement, soutenu par l'ex-président Ali Abdallah Saleh auquel des officiers et soldats de l'armée sont restés fidèles. Mais des sources militaires ont indiqué que 1.200 membres des forces spéciales pro-Saleh étaient arrivés dans une vingtaine de véhicules blindés dans une base militaire à Taëz, ville située sur le chemin d'Aden, distante de 180 km. Des centaines de personnes ont manifesté devant la base pour demander le retour des forces à Sanaâ. « Les explosions à Sanaâ vont être prises désormais comme des excuses pour ouvrir de nouveaux fronts, en attaquant Taëz et Marib », estime un analyste politique, Bassem al-Hakimi. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, a fermement condamné les attentats terroristes lâches de Sanaâ.