Face à la montée du Daech, installé dans le sanctuaire de Derna et rêvant de rééditer le scénario irako-syrien, le défi terroriste pèse sur le destin de la Libye qui a beaucoup souffert de l'intervention de l'Otan. La prise de conscience motive la « profonde inquiétude » exprimée par le Conseil de sécurité dans sa dernière résolution, adoptée le 27 mars. Toute la complexité de la situation réside dans l'engagement réitéré en faveur du gouvernement légitime dans la lutte contre le Daech et le refus de la levée de l'embargo qui, a postériori, accrédite les thèses algériennes portant sur le risque bien réel de prolifération des armes (les Libyens eux-mêmes 10 fois plus armés que lors du soulèvement contre le régime de Kadhafi, selon Genève l'un des responsables de la mission des Nations unies pour la Libye, Claudio Cordone) et leur récupération par les groupes d'al Qaïda écumant tout le Sud libyen. Des sanctions sont ainsi brandies par le Conseil de sécurité sur les individus ou les groupes coupables de financement, de recrutement ou même de prosélytisme par la diffusion de la propagande sur Internet. Mais, le consensus massif et désormais adossé à la légalité internationale fonde le processus du dialogue inclusif béni par les pays voisins et mené sous la médiation de la Manul (Mission d'appui des Nations unies en Libye) dont le mandat a été prolongé jusqu'au 15 septembre. La démarche ambitionne de réunir autour de la table des négociations tous les acteurs politiques, comme ce fut le cas à Alger initiant la rencontre des 7 partis politiques les plus influents et des représentants de la société civile, pour favoriser le retour à la stabilité et amorcer sereinement le virage décisif de la réconciliation nationale. L'exigence d'un arrêt des combats entre les forces belligérantes est la condition sine qua non pour renouer avec le climat de confiance et privilégier l'union sacrée si vitale pour le combat contre le Daech. Une feuille de route onusienne, publiée à l'issue d'entretiens de l'émissaire de l'ONU, Bernardino Leon, dans la nuit de lundi à mardi, avec des responsables des gouvernements rivaux, a précisé les contours d'une sortie de crise qui ne saurait « attendre davantage ». Des propositions ont été soumises aux parties en conflit. Elles portent, selon un communiqué de l'ONU, sur « la formation d'un Conseil présidentiel dirigé par des personnalités indépendantes, un gouvernement d'union nationale et un parlement représentant tous les Libyens ». Au terme de la période de transition, des élections générales auront lieu après l'adoption par voie référendaire d'une constitution. L'espoir renaît. « Il existe une chance que nous puissions faire des progrès et avoir les premiers noms pour un gouvernement d'unité nationale cette semaine », a annoncé Bernardino. L'émissaire onusien se veut optimiste sur la conclusion d'un « accord final » en épilogue du choix cornélien : être ou disparaître.