Mohamed Al-Dayri, le ministre libyen des Affaires étrangères, applaudit les combats que livre depuis une semaine Fajr Libya, une coalition de milices rivales dans la région côtière de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, à Daech. Une première. S'adressant jeudi à des journalistes dans son lieu de résidence à Al-Bayda (est), il a dit accueillir favorablement la direction prise par des factions de Fajr Libya qui combattent la branche libyenne de Daech. « Cette position renforce l'une des principales bases du consensus national auquel nous aspirons (...) et qui est la lutte contre le terrorisme », indique-t-il. Cette déclaration du ministre des Affaires étrangères laisse entrevoir un espoir de réconciliation politique entre les deux gouvernements et parlements rivaux et un accord sur un gouvernement d'union nationale. « D'ici à dimanche », selon Bernardino Leon, le représentant spécial des Nations unies en Libye. « Je suis très préoccupé par la présence croissante de Daech en Libye », a déclaré Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, lors d'un point de presse. Et d'appeler juste après la communauté internationale à soutenir son représentant spécial Bernardino Leon qui « s'efforce de promouvoir le dialogue entre les parties libyennes ». Après l'entrée en février des combattants de Daech à Syrte, Fajr Libya a envoyé des renforts pour défendre la ville. Comme le gouvernement reconnu, cette coalition de milices veut contrer l'influence de Daech qui a revendiqué ses premières attaques en janvier : assaut contre un hôtel à Tripoli qui a fait neuf morts et décapitation en février de 21 chrétiens, la plupart égyptiens. Sur le terrain, au risque d'entraver les négociations en cours actuellement, la violence continue. Un raid mené par un avion « inconnu » a visé jeudi l'aéroport de Mitiga, à Tripoli, aux mains de Fajr Libya, sans faire de victimes. Les forces loyales au général Haftar ont ciblé plusieurs fois cet aéroport. La Mission d'appui des Nations unies en Libye a dénoncé ce raid. Elle estime que ces actes entravent la poursuite des pourparlers politiques interlibyens qui « jouissent de l'appui unanime de la majorité des Libyens en tant qu'unique voie pour mettre fin au conflit en Libye de manière pacifique ». La mission onusienne a appelé toutes les parties à s'abstenir de s'attaquer mutuellement, à faire preuve d'un « maximum de retenue et de permettre au dialogue politique de progresser dans un environnement favorable », exhortant les parties belligérantes à ne pas cibler les infrastructures civiles et les services de base dans toutes les régions de la Libye. La Manul appelle aussi les « leaders libyens à assumer leurs responsabilités juridiques et politiques en veillant à ce que toutes les forces se trouvant sous leur commandement respectent l'engagement politique pris dans le cadre du processus de dialogue ».