La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, a affirmé le Représentant spécial des Nations unies dans le pays, Bernardino Leon, assurant, au cours d'une interview à CNN, que la situation est de plus en plus urgente. "Nous sommes à court de temps, nous sommes à court d'idées et si dans les semaines à venir, il n'est pas possible de relancer ce dialogue politique, la communauté internationale devrait penser à d'autres formules et parler dans un langage différent en Libye", a souligné M. Leon lors de cet entretien repris, jeudi, par les médias libyens. "Si nous abandonnons (la Libye)", a indiqué Bernardino Leon, "et c'est quelque chose qui pourrait arriver dans les prochaines semaines (...), alors nous aurons différents types de solutions, mais nous mettrons aussi un plus long temps et nous aurons manqué une occasion pour remettre la vie politique de ce pays sur les rails", a ajouté M. Leon Trois ans après la mort de Kadhafi, la lutte pour le pouvoir qui s'est intensifiée entre des factions rivales, a plongé le pays dans la tourmente. "La violence est en cours dans plusieurs points du pays, mais les récents combats à Ras Lanouf, menacent d'un conflit qui pourrait être généralisé partout en Libye. Donc, c'est le chaos politique, militaire, sécuritaire, et bien sûr le chaos économique", a précisé Bernardino Leon qui est aussi chef de la Mission d'Appui des Nations unies en Libye (MANUL). Les forces affiliées à "Fajr Libya", une coalition de groupes armés dont des islamistes, ont lancé une offensive générale, le 13 décembre, visant à prendre le contrôle des terminaux pétroliers dans la région de Hilal (Croissant pétrolier) dans l'est du pays, abritant les plus importants ports, à savoir : Al-Sedra, Ras Lanouf et Brega fermés en raison des affrontements. La Mission d'Appui des Nations unies en Libye (MANUL) qui supervise une initiative de dialogue entre les protagonistes libyens, a annoncé le report de ce nouveau cycle de dialogue à une date ultérieure. C'est la deuxième fois que la date de la reprise du dialogue inter-libyen est reportée. Le 9 décembre dernier, l'émissaire des Nations unies et chef de la MANUL avait convoqué une session entre les protagonistes libyens, mais la rencontre n'a pas eu lieu en raison de la persistance de divergences entre les belligérants. "L'ordre du jour du dialogue est de s'entendre sur un gouvernement d'union nationale d'abord, et d'autre part, un accord sur les mesures de stabilité, qui devraient inclure un cessez-le-feu et le retrait des hommes armés de tous les lieux publics, les lieux particulièrement stratégiques, et, troisièmement, la surveillance, le suivi, et c'est très important parce que c'est là où la communauté internationale a un rôle dans le long terme avec les Libyens dans le contrôle du dialogue et de l'accord de paix", a signalé M. Léon dans son interview avec la CNN. Il a, en outre, souligné la nécessité de relancer le processus constitutionnel afin que la Constitution soit le cadre du dialogue, qui peut être un facteur d'unir les Libyens. Il a ajouté que "ce sera la seule façon d'arrêter le massacre et mettre fin au chaos dans le pays", assurant qu'il est convaincu que la communauté internationale est consciente que la situation actuelle en Libye représente un "gros problème" pour tous. Evoquant la menace terroriste en Libye, il a également exprimé sa préoccupation quant à la sécurité, en affirmant : "Nous savons qu'il y a Daech dans des villes comme Derna et Benghazi (Est) et d'autres régions du pays".