« En avant ! Tu n'es pas seul », a lancé au peuple tunisien le président Caïd Essebsi, donnant le coup d'envoi de la grande marche contre le terrorisme, bénie par Ennahda et la centrale syndicale (UGTT). Ce cri de ralliement de la nouvelle Tunisie dresse l'ultime rempart qui impose la consolidation du front interne, ébranlé par les divergences exprimées par le refus du front populaire de participer à la marche historique et l'élan de solidarité internationale jamais démentie. Sous le slogan « Tunisie libre, terrorisme dehors », des dizaines de milliers de Tunisiens ont sillonné le parcours allant de la place Bab Saâdoun jusqu'à la destination finale de Bardo pour exprimer le refus de « l'extrémisme ou du terrorisme », aux antipodes de l'image idyllique de la « terre de paix, de bonheur » hautement proclamée par une manifestante qui se refuse à la fatalité du « djihad » dévoyé. L'esprit de résistance a donc prévalu. La nouvelle de l'élimination des « plus importants éléments de la phalange Okba Ibn Nafaâ, à leur tête Lokmane Abou Sakhr », fièrement annoncée par le Premier ministre Habib Essid peu avant le début de la marche, a constitué l'un des moments forts de la mobilisation citoyenne. Lors de cette « opération très importante », a précisé le Premier ministre, la phalange terroriste coupable de la forfaiture de Bardo et de la mort de dizaines de militaires et de policiers, depuis décembre 2012, a été décapitée. « Neuf terroristes ont été abattus hier soir (samedi) dans la zone montagneuse de Sidi Aïch, dans le gouvernorat de Gafsa », a indiqué le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui. Le défi du Bardo est levé. Onze jours après l'attentat qui a fait 22 morts, la Tunisie ne sera pas seule dans son drame. En pionnière, l'Algérie représentée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, accompagné pour la circonstance du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, se tient tout naturellement dans la même tranchée par devoir de solidarité et de communauté de destin. D'Alger à Tunis, la communion imposée par le socle identitaire politique, culturel et historique est la matrice de la dynamique voulue collective. La marche de Tunis a également rassemblé les présidents français, François Hollande, polonais, Bronislaw Komorowski, palestinien, Mahmoud Abbas, Gabonais, Ali Bongo, et le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi. Le défilé officiel a longé le Parlement et le musée du Bardo pour inaugurer une stèle à la mémoire des victimes et surtout faire barrage au terrorisme sans frontières.