« Les autistes ne sont pas diagnostiqués à temps. C'est généralement lorsque les troubles du comportement apparaissent qu'on détecte la maladie. » C'est ce qu'a affirmé le président de l'association Tawassol pour l'enseignement et l'intégration des enfants autistes de la wilaya d'Oum El Bouaghi, Laïd Boumegiou. Et pour leur prise en charge, seuls deux centres existent, l'un situé à l'hôpital Drid-Hocine d'Alger et l'autre à l'hôpital de Djebel El Ouahch de Constantine. Le manque de structures adaptées, en l'occurrence des centres de pédopsychiatrie, et de professionnels (pédopsychiatres) complique davantage la situation des autistes, selon les parents. « Plus d'une centaine d'enfants d'Oum El Bouaghi attendent une hypothétique prise en charge. Un drame familial que l'on ne peut atténuer que si le diagnostic est fait de manière précoce. Les parents sont désemparés », relève Boumegiou. Selon lui, si le dépistage est fait à l'âge de 2 ans au lieu de 4 ans, on pourra éviter pas mal de complications. Malheureusement, la maladie reste méconnue en Algérie et très peu de spécialistes sont formés dans cette discipline. « Nous avons ramené en 2013 une psychologue égyptienne pour assurer une formation qui a duré 7 jours à nos psychologues. Ce n'est pas suffisant, mais c'est mieux que rien », souligne-t-il. Ils seraient 65.000 personnes atteintes d'autisme, selon des statistiques officielles, et plus de 80.000 selon d'autres. Mais vu que tous les autistes ne sont pas diagnostiqués précocément, ce chiffre pourrait être plus important. Selon le président de cette association, la prise en charge des enfants autistes se limite à l'heure actuelle à la famille, et s'il existe une prise en charge éducative et pédagogique, elle se fait souvent de manière non officielle. Ce sont des compromis entre la famille et l'institution éducative. Globalement, la prise en charge reste très insuffisante sur les plans scolaire, social et thérapeutique. La scolarisation est un grand problème et les cas graves sont carrément refusés, d'après Boumegiou. La SG de l'Association de l'enfant autiste d'Alger, Mme Bouarioua, abonde dans le même sens. « L'intégration des enfants autistes dans des classes spéciales est une initiative personnelle des enseignants et des directeurs des établissements scolaires. Certaines écoles privées acceptent les enfants autistes, d'autres non », ajoute-t-elle. Car l'élève autiste nécessite un auxiliaire de vie scolaire (AVS) qui s'occupe de lui, qui veille sur sa sécurité, qui lui explique son exercice, qui l'accompagne aux sanitaires. Sur ce point précis, elle signale que le secteur de l'éducation n'a pas répondu à cette doléance alors que celui de la solidarité a donné son accord. L'autre contrainte, c'est le jour des examens. « Il faut essayer de prendre en considération le cas de ces enfants et les déclarer au chef de centre afin de gérer leur situation », explique-t-elle. Dans beaucoup de pays développés, les autistes sont pris en charge de manière convenable. En Algérie, les formations dispensées aux professionnels qui travaillent avec ces enfants ne sont pas valorisées. Il faut des formations en continue pour pouvoir bénéficier des nouvelles techniques. En somme, les moyens humains et matériels manquent terriblement, ce qui rend la prise en charge aléatoire. Djamila C. C'est quoi l'autisme ? C'est un désordre neurologique grave caractérisé par un repliement sur soi qui limite considérablement la communication et l'interaction de l'enfant avec son entourage. Les symptômes se manifestent durant les trois premières années de la vie de l'enfant. Ils sont divers et varient d'un enfant à l'autre, leur intensité pouvant évoluer, notamment avec l'âge, l'indifférence aux autres ou réactions bizarres, des comportements répétitifs et activités stéréotypées (agitation des mains, balancement du corps...), désintérêt pour les objets de son environnement ou utilisation non conventionnelle et stéréotypée, mutisme ou langage inhabituel (répétition de mots ou de phrases entendus), peur du changement.