« Les autistes sont dans un état dramatique. Le nombre de places dans les structures de santé et de prise en charge éducative et sociale est limité. Les parents des enfants autistes se démènent seuls. Quelques professionnels privés de la santé se limitent à la consultation seulement », regrette Mme Bouarioua, la secrétaire générale de l'association, ajoutant que la situation des adultes est encore plus poignante que celle des enfants, « ils sont livrés à eux-mêmes ». Selon elle, l'association reçoit chaque jour des dizaines d'appels de parents d'enfants autistes qui recherchent de l'aide et l'orientation notamment ceux dont les enfants ont atteint 6 ans, pour les scolariser. « La demande est importante », dit-elle. A propos de scolarisation, elle précisera : « On se heurte à des murs en béton, les classes d'intégration sont presque inexistantes et quand elles existent cela pose le problème d'exclusion et de mauvaise prise en charge. Il faut savoir que l'autiste n'est pas automatiquement un attardé mental. Chaque cas est spécifique, les autistes n'ont pas le même rythme d'apprentissage et cela nécessite des compétences pour les prendre en charge. » Pour les intégrer dans les classes ordinaires, « le refus est catégorique, l'académie et les enseignants n'acceptent pas les autistes surtout ceux qui ont des troubles du comportement », explique la représentante de l'association qui a eu à collaborer avec d'autres associations et qui avoue que dans toutes les wilayas, ce sont les mêmes soucis auxquels se heurtent les autistes et leurs parents. Leur situation ne s'est pas améliorée d'un iota, selon elle. « Le ministère de l'Education devrait ouvrir des classes spéciales pour accueillir les plus doués », suggère-t-elle. Quelques classes spéciales ont été ouvertes dans certains établissements scolaires à Alger grâce au concours du ministère de la Solidarité nationale mais qui sont, néanmoins, limités aux cycles primaire et moyen. L'éventualité d'ouvrir d'autres classes similaires dans les wilayas d'Alger, Boumerdès, Tipasa et Blida est au stade de l'étude. « Comment vont-elles fonctionner et avec quels moyens ? On ne le sait pas, mais normalement cela devrait se faire au cas par cas car tous les enfants autistes n'ont pas les mêmes capacités d'apprentissage », fait remarquer Mme Bouarioua. Concernant l'intégration des autistes, elle dira : « Parfois, il y a plus de dégâts que de résultats satisfaisants. Il est des enfants qui régressent, d'autres problèmes surgissent parfois. » Et pour une prise en charge adéquate, elle recommande la formation de professionnels et l'ouverture de structures d'accueil. « L'université algérienne fait sortir beaucoup de psychologues mais qui ne sont pas formés dans les nouvelles techniques de prise en charge. Pourquoi ne pas envoyer un psychologue à l'étranger qui, à son tour, formera ses collaborateurs ? », se demande-t-elle. Farouchement déterminée à faire avancer la cause des enfants autistes ou présentant des troubles du comportement, l'Association des parents de l'enfant autiste d'Alger, présidée par Mme B. Achit, ne ménage aucun effort pour venir en aide aux familles affectées. L'association œuvre inlassablement pour améliorer un tant soit peu la situation des autistes en sensibilisant les parents, leur conseillant de faire diagnostiquer leurs enfants précocement, les scolariser quand cela est possible, et orienter les cas lourds vers un pédopsychiatre. En effet, l'association ne cesse d'appeler à la formation des médecins et des pédiatres pour diagnostiquer précocement la maladie. Les enfants autistes ne vont pas à l'école et les quelques cas qui réussissent à s'inscrire et à intégrer l'école ordinaire ne sont pas convenablement pris en charge car les enseignants et tout l'encadrement n'ont aucune connaissance de la maladie. Le manque d'intégration sociale de cette catégorie de handicapés annihile tout espoir d'autonomie. Et pour conclure, Mme Bouarioua dira : « Qu'on arrête de mentir et d'annoncer, via les médias lourds, l'ouverture de structures d'accueil qui n'ont aucune existence sur le terrain, car à chaque annonce on est submergé par les appels des parents qui cherchent à placer leurs enfants. »