Un séminaire préparatoire à la conférence des parties chargées d'examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui se déroulera à New York du 27 avril au 22 mai, a été organisé, hier, à l'hôtel Sheraton, à Alger. Il s'agit d'une rencontre entre experts et représentants des Etats-parties au Traité, particulièrement l'Afrique du Sud, le Nigeria, la Tunisie, le Maroc, l'Union européenne et l'Iran pour l'Asie. Le choix de l'Algérie s'explique par le fait qu'elle va présider cette conférence d'examen, la neuvième, qui se tient tous les 5 ans. Notre pays a déjà présidé, faut-il le rappeler, la conférence de 2000. Pour Taous Ferroukhi, directrice générale des affaires politiques et de la sécurité internationale au ministère des Affaires étrangères, la présidence de la conférence par l'Algérie est, sans contexte, « un très grand signe de confiance » de la part de tous les groupes régionaux et de tous les Etats-parties au Traité. « Il y a une rotation géographique à respecter. En vertu de cette rotation, cette année, c'est le tour de l'Afrique et comme il n'y avait pas beaucoup de candidats qui pouvaient assumer cette responsabilité qui est énorme, beaucoup d'Etats-parties au Traité du groupe africain ont sollicité notre pays pour qu'elle préside cette conférence », a-t-elle expliqué en marge du séminaire, dont les travaux se sont déroulés à huis clos. Une question sensible... ! Il ne faut surtout pas s'attendre à des recommandations lors de la prochaine conférence. La conférence d'examen, « c'est l'article 8 paragraphe 3 du Traité, qui stipule que chaque année, les Etats-parties se réunissent et évaluent ce qui a été fait en matière d'application des dispositions du traité concernant trois piliers, à savoir le désarmement, la non-prolifération et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire », a précisé la même responsable. Comme il est question de préparer 2020 et ce qui va être fait d'ici là. Mme Ferroukhi a reconnu qu'il y a énormément de sensibilité sur ces questions qui touchent les « arsenaux nucléaires » mais aussi et surtout les « doctrines de sécurité des Etats ». « Ce sont des sujets très sensibles, et il est très difficile de parvenir aisément à des accords », a-t-elle soutenu. Intervenant au nom du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, l'ambassadeur Abdellah Baali a estimé que le Traité a réussi à prévenir la prolifération nucléaire, mais il reste moins efficace concernant le désarmement. L'orateur a souligné que « la volonté d'œuvrer à la réalisation des objectifs du Traité commande de renforcer la confiance et la coopération afin d'atténuer les pressions nouvelles générées par les questions régionales et les conflits non résolus qui pèsent sur l'intégrité et l'autorité du régime TNP ». Avant d'ajouter : « Face à ces préoccupations, la vaste majorité des Etats non nucléaires ont montré la voie en optant pour l'établissement de zones exemptes d'armes nucléaires, imprimant ainsi une vigueur politique et juridique aux efforts internationaux de désarmement et de non-prolifération », a-t-il dit. Toutefois, les pressions sont là. « Il y a une grosse pression des Etats non nucléaires, qui sont la vaste majorité des Etats-parties au Traité, sur les Etats qui ont ces arsenaux pour qu'ils puissent arriver à s'en débarrasser et abandonner les armes et n'avoir que les applications pacifiques de l'atome », a, par ailleurs, indiqué Mme Ferroukhi. Et « Il faut faire en sorte que la coopération et l'assistance technique portent sur les questions de l'utilisation pacifique de l'atome », dit-elle De petites choses se font... Pour Mme Ferroukhi, les pays en voie de développement veulent aussi bénéficier des avantages « énormes » de l'atome. Elle a expliqué que la science nucléaire est très convoitée, car elle permet de réaliser des avancées sur plusieurs domaines, entre autres la santé, l'agriculture, l'industrie, l'environnement. Comme elle contribue au renforcement de la base scientifique et technique d'un pays. Maintenant, il revient à chaque pays de respecter les engagements du Traité. Elle a indiqué que ceux qui ont des arsenaux nucléaires se doivent, eux aussi, de respecter leurs obligations au titre du traité qui est l'article 6 qui enjoint les Etats membres d'œuvrer à l'élimination des armes nucléaires, de poursuivre les efforts pour l'universalisation du TNP, et de fournir des garanties crédibles sur le non-recours ou la menace de recours aux armes nucléaires contre les Etats non nucléaires. Mme Ferroukhi a constaté qu'« il y a des petites choses qui se font ». « Nous voudrions que la cadence s'accélère et que ces derniers fassent plus d'autant qu'il y a une marge pour faire encore plus », a-t-elle dit. De son côté, Baâli a indiqué que « nous sommes encore, près de 50 ans après, très loin du désarmement général et complet attendu ». Il a affirmé que le régime TNP peine à impulser la dynamique voulue au désarmement nucléaire. Il est à noter que mis à part l'Inde, le Pakistan et Israël, le reste des Etats membres de l'ONU sont signataires du Traité de non-prolifération des armes nucléaires.