Selon Riyad, les 1.200 raids aériens de la coalition de neuf pays arabes qu'elle dirige commencent à porter leurs fruits. Sur le terrain, Ansar Allah, les milices des Houthis et leurs alliés, des militaires et des partisans de l'ex-président Saleh, ne désarment pas. Ils contrôlent la capitale Sanaâ, des régions du Centre et de l'Ouest, ainsi que des parties de la ville d'Aden (sud), d'où s'est enfui le président Abd Rabbo Mansour Hadi. « Les frappes aériennes vont se poursuivre », a martelé au 17e jour de l'opération « Tempête de la fermeté » le porte-parole de la coalition, le général de brigade saoudien Ahmed Assiri, sourd à toutes les demandes de pause humanitaire, y compris des Nations unies, du Comité international de la Croix-Rouge et de l'Unicef. Selon lui, la campagne, qui est allée crescendo — elle est passée de 35 raids par jour à 50 puis à 80 et, finalement, à 120 —, a neutralisé les capacités aériennes et balistiques des rebelles et de leurs alliés, des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Pressé de questions sur une éventuelle intervention terrestre, il répond : « Au moment opportun, on passera à l'action au sol. » Le responsable saoudien a donné, samedi dernier, un bilan du nombre de morts depuis le 26 mars dernier. « Plus de 500 Houthis à la frontière », dit-il. L'Organisation mondiale de la santé a avancé le chiffre de 650 personnes tuées et plus de 2.000 autres blessées. Et du côté saoudien ? « Six militaires », répond-il. « Nous avons des preuves suffisantes selon lesquelles l'Iran soutient, arme et forme les miliciens », a déclaré le général Assiri, plaçant l'actuelle intervention militaire au Yémen sous le mot d'ordre de la lutte du « bien contre le mal ». En réponse, l'Iran a accusé Riyad de commettre un « génocide ». Ce discours pourrait déclencher, selon plusieurs analystes, dont Frederic Wehrey, un chercheur du Carnegie Endowment for International Peace's Middle East Programme, une violence difficile à maîtriser dans toute la région. Pour exemple, ils citent l'Irak qui est ravagé par des massacres à caractère confessionnel. « Le vitriol du confessionnalisme donne des arguments à ceux qui font valoir que la communauté des croyants (qu'il s'agisse des chiites ou des sunnites) est la cible d'une menace existentielle et qu'il est nécessaire de la défendre », a indiqué Wahrey. C'est dans cette ambiance de guerre sourde entre les deux géants de la région que le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a atterri, hier, à Riyad, pour exprimer « le soutien » de la France à l'Arabie saoudite.Hier, des avions de la coalition ont bombardé avant l'aube le Camp 22, dans la région d'al-Dhahra (province de Taëz), faisant 15 morts et 8 blessés parmi les Houthis et leurs alliés. La base dépend de la Garde républicaine, unité d'élite restée loyale à l'ex-président Saleh.