Comment se fait l'orientation scolaire ? Cette question a été posée aux parents d'élèves, aux représentants des syndicats mais aussi et surtout aux conseillers d'orientation scolaire, rencontrés aux journées « portes ouvertes sur l'orientation scolaire » à l'Office national de Riad El Feth, à Alger. Si ces derniers estiment que l'opération se fait dans le respect des règles, il n'en est pas de même pour certains syndicats qui revendiquent la révision des mécanismes en place. Les parents d'élèves, quant à eux, se disent désorientés. Directrice du Centre d'orientation scolaire et professionnelle de Ben Aknoun, Fatima Halfaoui dira que l'orientation se prépare à partir de la troisième année moyenne. Elle a expliqué que la première fiche de vœux est remise aux élèves de troisième année moyenne pour leur apprendre comment faire un choix objectif par rapport à leurs compétences et comment préparer un projet professionnel sur la base des aptitudes scolaires. « Cette fiche de vœux est ensuite traitée et exploitée par le conseillerd'orientation à partir de la quatrième année moyenne », a-t-elle précisé. Ce dernier l'exploite puis invite les élèves, dont le choix n'est pas conforme à leurs aptitudes scolaires, à revoir leurs options. Il leur remet une autre fiche de vœux au début de la quatrième année moyenne en fonction des résultats du premier trimestre pour qu'ils puissent élaborer un deuxième choix. Mme Halfaoui a fait savoir qu'il y a une orientation qui se fait au lycée avec les élèves de première année secondaire pour qu'ils puissent suivre leurs études dans les filières qui correspondent à leurs capacités. Ces paramètres extrascolaires « L'orientation scolaire se fait d'une manière très objective en fonction des aptitudes scolaires de l'élève », soutient-elle. Reste que les parents doivent, selon elle, accompagner leurs enfants, communiquer davantage avec les enseignants et prendre attache avec les conseillers d'orientation scolaire. La directrice du Cosp soutient qu'il y a d'autres paramètres extrascolaires qui interviennent, entravant le bon déroulement de l'opération. « Il y a des interférences qui influent sur l'élève. Il y a des parents qui imposent leur choix sans prendre en considération les aptitudes de leurs enfants. Or, la décision selon les textes revient aux membres du conseil d'orientation », a-t-elle souligné. « Néanmoins, il y a des élèves qui sont très bien orientés mais qui rejettent par la suite le choix accordé par les conseillers de l'orientation. Les élèves se testent dans certaines filières et certains troncs communs », a-t-elle déploré. Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, remet en cause ce système « basé uniquement sur la moyenne générale de l'élève sans prendre en ligne de compte ses compétences scolaires et les notes obtenues dans les filières vers lesquelles il est orienté ». « Il y a des élèves, qui pour avoir eu une bonne moyenne générale, sont orientés vers les filières scientifiques alors qu'ils sont faibles en mathématiques », a-t-il expliqué. Un point de vue que ne partage pas le directeur du centre d'orientation au niveau de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, Ferhat Koli. « Des efforts sont entrepris pour que cette orientation soit par profil et non par défaut », a-t-il corrigé, affirmant que l'orientation ne se fait pas uniquement sur la base des notes. « Nous avons les vœux des élèves, et les remarques, les suggestions et les observations des enseignants. Il y a tout un consensus qui définit les paramètres de l'orientation scolaire. Les notes peuvent nous donner une idée, mais elles n'expliquent pas tout », a-t-il tenu à démentir. Des parents « désorientés » Et les parents dans tout cela ? Si la directrice du Cosp a évoqué l'existence de paramètres extrascolaires responsables des mauvaises orientations des élèves, citant particulièrement les parents, il n'en reste pas moins que ces derniers se disent complètement désorientés. « Je suis venu pour savoir plus et m'informer davantage sur cette opération que je considère importante pour nos enfants », souligne cette mère de deux enfants scolarisés. Et de poursuivre : « J'ai une fille qui maîtrise parfaitement les langues française et anglaise mais elle est nulle en arabe. Je voudrai savoir si une fois le bac décroché, elle aura la possibilité d'être orientée en littérature », s'interroge-t-elle. Une autre maman abonde dans le même sens, soulignant que l'orientation est l'apanage des responsables des établissements scolaires. « Nous les parents, notre rôle est de veiller à la scolarité de nos enfants en offrant tous les moyens possibles garantissant la réussite scolaire. Les enseignants et les responsables en charge de l'orientation sont les mieux indiqués pour se prononcer sur le choix de nos enfants. Ce sont eux qui connaissent les compétences réelles des élèves », souligne-t-elle. Il faut dire que l'ensemble des parents interrogés sur l'orientation ont avoué méconnaître tout de ce mécanisme, tout en qualifiant ces journées de portes ouvertes comme une occasion pour en savoir plus.