Jacob Zuma, le président sud-africain, appelle ses concitoyens à faire front contre la violence xénophobe. Partie de Durban, un grand port sur l'océan Indien, celle-ci a gagné Johannesburg, la capitale économique. En trois semaines, elle a fait plusieurs morts et 5.000 déplacés dans le township d'Alexandra, où s'entassent 400. 000 personnes et où des échoppes tenues par des étrangers ont été vandalisées. « Il est temps pour l'Afrique du Sud de se dresser unie contre la vague de violence qui a touché le pays », a déclaré Malusi Gigaba, le ministre de l'Intérieur, estimant que « la priorité est de restaurer la paix et l'ordre ». Selon lui, 307 personnes ont été arrêtées depuis. Comme Zuma, qui s'est rendu dans un camp hébergeant des immigrés chassés de chez eux à Durban, il estime qu'« il ne peut y avoir de justification aux attaques contre les étrangers ». Certains pays, qui se souviennent de la fièvre xénophobe qui a fait 68 morts en 2008, font dans la prévention. Selon l'agence sud-africaine News 24, le Zimbabwe, qui a dénoncé des actes « impardonnables et choquants », a affrété sept autocars pour rapatrier ses ressortissants. Le gouvernement du Malawi envoie aujourd'hui quatre bus pour évacuer ses concitoyens. Le Kenya pense, lui aussi, évacuer ses ressortissants. « Même ceux qui veulent rentrer chez eux doivent savoir que quand nous aurons stoppé la violence, ils seront les bienvenus », les rassure Zuma qui a prévu d'engager dès cette semaine un dialogue pour normaliser la situation. Le Forum de la diaspora africaine a demandé l'intervention de l'armée. Le gouvernement « compte attendre jusqu'à combien d'immigrants tués pour faire appel à l'armée comme en 2008 ? », a déclaré le porte-parole de cette association, Jean-Pierre Lukamba. Samedi dernier, des unités de la police municipale de Johannesburg et de la police anti-émeute ont été déployées en renfort dans les townships, les quartiers de la capitale économique. L'ONU, qui a en mémoire le bain de sang de 2008, condamne ces violences racistes. Surfant sur le taux de chômage (24% de la population et 40% de jeunes), certains ultras stigmatisent les étrangers (4% du total, selon les chiffres officiels), accusés de voler le travail des Sud-Africains.