Les attaques xénophobes en Afrique du Sud ont continué hier à se propager, touchant désormais sept des neuf provinces du pays, et le parti au pouvoir a appelé à “reprendre la rue aux criminels”. La police est débordée, l'armée s'en mêle. Dans la région de Johannesburg, en Afrique du Sud, les militaires, hélicoptères à l'appui, sont en état d'alerte depuis jeudi, au cas où les violences xénophobes reprendraient. Depuis le 11 mai, celles-ci ont fait 42 morts et 16 000 déplacés ! Mais le mouvement s'est étendu. Si la situation semblait plus calme dans la région de Johannesburg et à Durban, le plus grand port du pays, le feu s'est propagé dans sa province limitrophe du North West, dans le township d'Oukasie, à Brits, et de nouveaux troubles ont eu lieu dans la province du Mpumalanga. Les attaques contre les émigrés, qui ont débuté il y a près de deux semaines et ravagé les townships de Johannesburg, se sont étendues pour la première fois aux environs du Cap, fleuron touristique et capitale parlementaire du pays. Ces chasses à l'homme sont l'œuvre de bandes armées de machettes et d'armes à feu s'en prenant à des émigrés tels des Zimbabwéens, des Mozambicains et des Malawis. Confrontés à 40% de chômage et à 43% de pauvreté, beaucoup de Sud-Africains les accusent de “voler” leurs emplois et d'être responsables de la criminalité. Trois millions d'émigrés vivraient en Afrique du Sud pour une population totale estimée à 48,5 millions d'habitants. Le président sud-africain Thabo Mbeki et Jacob Zuma, chef du parti au pouvoir (Congrès national africain-ANC, qu'a dirigé Nelson Mandela), ont vivement condamné ces attaques, qui ternissent l'image de la nation “Arc-en-ciel”, rêvée par le héros de la lutte anti-apartheid et ancien président Nelson Mandela. Le président mozambicain, Armando Guebusa, a tenté une explication contre la xénophobie qui frappe ses émigrés en Afrique du Sud : les conditions “sordides des Sud-Africains qui n'ont pas eu accès à l'éducation en raison des injustices héritées de l'apartheid tombé en 1994 et qui envient aujourd'hui les émigrés, surtout les Zimbabwéens” mieux qualifiés. Face aux violences, l'ANC a appelé ses militants à créer des comités dans les townships pour reprendre la rue aux criminels auteurs des attaques. Les services du procureur général ont également annoncé des mesures exceptionnelles pour traiter “rapidement et sévèrement” ces violences, et envisagent la création de tribunaux spécialisés. Les voisins de l'Afrique du Sud se sont dits “horrifiés” et préoccupés par ces violences qui ternissent la réputation de la première puissance économique du continent. D. B.