1.500 morts au moins depuis le début de l'année. 218.000 immigrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée en bateau l'année écoulée, dont 3.500 sont morts. Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l'UE, a décidé d'ajouter cette question à l'agenda de la réunion des 28 ministres des Affaires étrangères prévue, aujourd'hui, à Luxembourg, pour discuter de l'assistance que pourrait fournir le Vieux Continent à un gouvernement d'unité nationale en Libye, actuellement en pourparlers. « Je vais présenter une série de propositions concernant la Libye, une des principales routes du trafic illégal de migrants », souligne-t-elle. « Nous avons trop souvent dit plus jamais ça. Il est désormais temps pour l'UE de prendre le problème à bras-le-corps, sans plus attendre », ajoute la responsable européenne. « Ce nouveau naufrage en Méditerranée est inacceptable. Il est inévitable pour les Européens de continuer à travailler sur les causes profondes de l'immigration et particulièrement l'instabilité dans la région », explique-t-elle. « Des vies humaines sont en jeu et l'UE, dans son ensemble, a l'obligation morale et humanitaire d'agir », estime la commission, avant d'annoncer une réunion « avant juillet » des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères pour arrêter des « mesures immédiates ». « Tant que les pays d'origine et les pays de transit ne prendront pas des mesures pour éviter ces traversées désespérées, des gens continueront à mettre leur vie en péril. Une grande partie de notre approche est de travailler avec les pays tiers », rappelle l'Exécutif européen. François Hollande, qui a appelé le Premier ministre italien, Matteo Renzi, « pour voir comment nous pouvons agir en urgence », souhaite une réunion rapide des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères des 28 pour renforcer le dispositif Triton d'aide aux migrants. Il faut, a-t-il affirmé, « plus de bateaux, plus de survols par des avions et une lutte beaucoup plus intense par rapport aux trafics ». Une tragédie quotidienne « En Méditerranée, une tragédie est enregistrée chaque jour », a déclaré le Premier ministre italien. « Comment rester insensible devant de tels drames », s'interroge-t-il. Mariano Rajoy, son homologue espagnol, dont le pays fait aussi face à l'afflux de migrants fuyant la guerre ou la misère, et qui se concentre, depuis plusieurs années, sur les enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla au Maroc, estime que la « crédibilité » de l'Europe est en jeu et qu'il est temps pour elle d'« agir ». « Ce sont des drames quotidiens », déplore-t-il. « Aucun pays au monde, pour puissant et fort qu'il soit et quels que soient ses moyens, ne peut faire face seul à des événements pareils », affirme le responsable espagnol, exhortant l'Europe à « agir », car « les mots ne suffisent plus ». « Nous risquons notre crédibilité si nous ne sommes pas capables d'éviter ces situations dramatiques qui se produisent tous les jours », ajoute-t-il. Même le pape François a réagi, hier. Il a appelé le monde à « agir avec rapidité ». Les migrants « sont des hommes et des femmes comme nous tous. Des frères qui cherchent une vie meilleure », a déclaré le souverain pontife. « Affamés, persécutés, blessés, exploités, victimes des guerres, ils cherchent une vie meilleure, ils cherchent le bonheur », a dit le pape, invitant la foule des fidèles à prier pour eux.