Le sommet extraordinaire de l'Union européenne sur la migration en Méditerranée a accouché de mesures ordinaires. Toujours divisés sur la prise en charge des réfugiés, les 28 ont à peine consenti à tripler le budget des opérations Triton (au large de l'Italie) et Poséidon (au large de la Grèce), qui est actuellement trois millions d'euros par mois. Les opérations Triton et Poséidon seront désormais dotées du même budget que Mare Nostrum, financée en son temps par la seule Italie. Comme aucun accord n'a été trouvé pour élargir le champ opérationnel de la mission et permettre aux navires de Triton de sortir des eaux territoriales afin d'aller plus près de la Libye pour détruire les bateaux utilisés par les trafiquants, l'UE sort la menace par les armes. La France et le Royaume-Uni, membres permanents du Conseil de sécurité, iront chercher un mandat de l'ONU. « La décision a été prise de présenter toutes les options pour que les navires puissent être appréhendés, annihilés avant qu'ils n'embarquent des migrants », a déclaré le président français, François Hollande, avant d'annoncer un sommet UE-UA à Malte, consacré à la question de l'immigration. « Il faut que nous puissions aider les pays africains à contrôler leurs frontières », dit-il. Les dirigeants promettent d'augmenter leur soutien à l'Egypte, à la Tunisie ou encore au Soudan pour surveiller et contrôler les frontières terrestres et les voies empruntées par les candidats à l'exil. A Bruxelles, certains dirigeants ont pointé du doigt le problème libyen. Selon eux, il doit être traité en priorité. « Comment se fait-il qu'après une intervention il y a maintenant plus de trois ans et demi, il n'y ait eu aucune réflexion sur ce qui devrait se passer après ? Maintenant, il s'agit de réparer les erreurs d'hier », a soutenu Hollande. Londres, qui est prête à participer aux opérations de surveillance et de sauvetage, prévient que les migrants recueillis seront débarqués en Italie ou à Malte. « Il n'est pas question qu'ils demandent le droit d'asile au Royaume-Uni », a insisté le Premier ministre, David Cameron. Ces mesures européennes ont suscité une salve de critiques. « La réponse de l'Union européenne doit aller au-delà de l'approche minimaliste actuelle qui consiste, avant tout, à endiguer l'afflux de migrants et de réfugiés », ont estimé l'Onu et l'Organisation internationale pour les migrations, qui évaluent à 35.000, le nombre de migrants qui ont tenté de traverser la Méditerranée pour fuir la pauvreté, la misère, les violences et la guerre. Amnesty International a fustigé « une réponse terriblement insuffisante et honteuse à la crise des migrants ». Selon elle, « les propositions du sommet de Bruxelles ne permettront pas de mettre un terme à l'hécatombe en Méditerranée ».