« Il n'y a pas de solution militaire à la tragédie qui est en train de se produire en Méditerranée », affirme, dans un entretien qu'il a accordé au quotidien italien La Stampa, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Comme solution globale, il dit préférer l'encouragement de l'immigration légale ». Ce recours à la force armée pour « identifier, capturer et détruire » les passeurs en Méditerranée, installés sur les côtés libyennes, a été adopté, jeudi dernier, à Bruxelles, lors du sommet extraordinaire de l'Union européenne. La France et la Grande-Bretagne, deux membres permanents au Conseil de sécurité, ont été « désignées » pour aller chercher un « feu vert » à New York et l'aval des dirigeants libyens. Pour le SG de l'ONU, il n'existe aucune solution qui ne peut se focaliser que sur le seul aspect répressif. « Il est capital d'envisager, détaille-t-il, une approche globale et cruciale qui prenne en compte les racines du problème, la sécurité et les droits humains des migrants et des réfugiés, comme avoir des canaux légaux et réguliers d'immigration. » « Les Nations unies sont prêtes à collaborer avec nos partenaires européens à cette fin », ajoute-t-il. Quid des mesures annoncées récemment à Luxembourg et à Bruxelles ? « Elles sont un premier pas important vers une action collective européenne », estime le responsable onusien. Comme pour prendre la « température » de ce qui fut jadis un lac de paix et qui est devenu depuis un « cimetière », Ban Ki-moon participera, aujourd'hui, à bord du navire de la marine San Gusto, à une sortie en mer, aux côtés de Matteo Renzi, chef du gouvernement italien, et de Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, qui ne s'est pas faite, dès jeudi, une quelconque illusion sur le feu vert onusien. « Ce ne sera pas facile d'avoir l'aval de l'ONU, comme il ne sera pas facile d'obtenir l'accord des autorités libyennes qui n'ont pas encore de gouvernement d'unité nationale », relève-t-elle, insistant sur le respect de la légalité internationale et de l'accord des Libyens avant tout éventuel recours à la force. Chargée par les dirigeants européens de chercher ce mandat de l'ONU, Mme Mogherini se rendra, selon La Repubblica, demain, à New York, au siège de l'ONU, et après-demain, à Washington, pour s'entretenir avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, sur cette question. Fait remarquable, la diplomate en chef de l'UE n'a pas prévu de se rendre chez les Libyens qui, pour reprendre son expression, « doivent aussi assumer leurs responsabilités »