Le mouvement terroriste Boko Haram d'Abubakar Shekau, transmué en « Province ouest africaine de l'Organisation de Daech » à la faveur de son allégeance proclamée le 7 mars à l'énigmatique Abou Bakr El Baghdadi, traduit le rêve chimérique de l'instauration d'un « Emirat » au nord-est du Nigeria. Cette conversion tactique, en quête d'un soutien de Daech, s'interprète comme un affaiblissement notable, voire le déclin annoncé de Boko Haram pris en étau par l'armée nigériane et la coalition africaine (Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun et Bénin) mise en place il y a quatre mois. Acculé dans son fief de Maiduguri, le mouvement terroriste est en perte de vitesse. Lors d'une offensive lancée au cours de cette semaine par l'armée, « plusieurs camps d‘entraînement » ont été détruits, des équipements (véhicules de transport blindés et pick-up) et des armes saisies, a annoncé le porte-parole, Chris Olukolade. Plusieurs commandants et combattants terroristes ont été tués, a-t-il dit. Mais, c'est dans le « dernier bastion » de la forêt de Sambisa (nord-est), à 70 km environ de Maiduguri, passé au peigne fin, que la libération depuis mardi dernier, de près de 500 femmes et enfants retenus en otage dans des conditions « très sévères et inhumaines » et utilisés comme boucliers humains, a alimenté le grand espoir de la fin du cauchemar des enlèvements des 2.000 femmes kidnappées depuis le début de 2014. La partie immergée de l'iceberg reflète le sort jusque-là inconnu des 219 lycéennes toujours retenues, à l'exception d'une cinquantaine miraculeusement échappées lors de leur transfert à Sambisa, dans les 4 camps (Sambisa, Lac Tchad, zones montagneuses du Cameroun, Tchad) de l'enfer terroriste. Aucune ne fait partie des Nigérianes arrachées des griffes de Boko Haram. En dépit des revers militaires, le terrorisme reste une menace perceptible. Tout au long de l'année écoulée, Boko Haram a intensifié ses actions, y compris en recourant aux massacres de civils. Très significative, l'attaque meurtrière du camp militaire de Karamga, sur le lac Tchad, est la pire épreuve infligée à la coalition africaine. Le bilan nigérian est fort élevé (74 morts dont 46 soldats et 28 civils, 32 militaires disparus) dans un assaut qui, selon Niamey, a laminé également le mouvement terroriste perdant 156 combattants. Niamey, en deuil depuis mercredi dernier, reste en première ligne de la lutte anti-terrorsite érigée en priorité des priorités par le président nigérian élu, Muhamed Buhari. Dès son investiture, prévue le 29 mai, la promesse de vaincre Boko Haram pèse lourdement sur les épaules de Buhari, appelé, comme l'a invité dans une résolution votée jeudi dernier par le Parlement européen, à mettre fin à la tragédie nigériane.