Le gouvernement nigérien a proclamé l'état d'urgence, à compter de mardi minuit, dans la région de Diffa (sud-est), en raison de la situation sécuritaire "dramatique" qui y sévit, et dont la population fuyait mardi la ville par crainte d'une nouvelle attaque des extrémistes nigérians de Boko Haram. Cette mesure qui accordera des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui "d'ordonner des perquisitions à domicile de jour comme de nuit", est destinée à remédier à cette situation sécuritaire délétère dans cette ville à la frontière avec le Nigeria. Le Niger, jusqu'alors épargné par les violences des groupes armés nigérians, fait l'objet, depuis jeudi et l'annonce d'un vote à l'Assemblée nationale autorisant l'envoi de troupes au Nigeria pour y combattre le groupe Boko Haram, d'attaques répétées sur son territoire, notamment dans le sud-est du pays. C'est en vertu de ce feu vert, voté à l'unanimité des membres de l'Assemblée nationale, que le Niger s'apprête donc à envoyer 750 soldats en vue de participer à la force multinationale de 8 700 hommes, dont l'acte de naissance a été scellé samedi dernier, lors d'une réunion des experts des pays du bassin du lac Tchad (Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun), ainsi que du Bénin. Dans ce contexte aussi, le groupe extrémiste a lancé un défi à l'endroit de la force multinationale, alors que le Nigeria ambitionne d'en finir avec l'organisation terroriste dans un délai de six semaines. Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a, dans une nouvelle vidéo diffusée lundi, ironisé sur cette coalition militaire régionale, lui promettant la défaite. Joignant le geste à la parole, Boko Haram a multiplié les attaques contre les positions des militaires des pays de la région. Hier, ses éléments ont attaqué une position de l'armée tchadienne, dans la ville nigériane de Gamboru. Arrivés avec 14 véhicules et deux blindés, les assaillants ont été toutefois repoussés au prix d'un soldat tchadien tué et huit blessés, mais aussi de "plusieurs éléments de Boko Haram tués". Trois véhicules des assaillants ont été détruits. Dans la nuit de dimanche à lundi, ses combattants ont mené une attaque d'envergure contre Diffa (sud-est), tentant de prendre d'assaut une prison de la ville. Les rebelles nigérians ont récidivé lundi pour la troisième fois en quatre jours. Ils ont aussi attaqué un bus dimanche, dans l'extrême nord du Cameroun, tuant douze voyageurs. C'est dans un contexte de préparatifs des élections générales (présidentielle et législatives) que l'armée nigériane s'est lancé un défi, qui consiste à venir à bout de Boko Haram dans un délai de six semaines. Le conseiller national à la sécurité du président nigérian, Sambo Dasuki, a affirmé lundi que "tous les camps connus de Boko Haram seront balayés". Mais cela pose inévitablement les capacités du pouvoir au Nigeria à tenir son engagement, puisque son armée s'est déjà distinguée par son incapacité à endiguer l'avancée inexpugnable de Boko Haram depuis six ans déjà. Ce à quoi a répondu le conseiller à la sécurité, Sambo Dasuki, que même si l'objectif fixé n'était pas atteint, les opérations permettraient d'avoir une situation "sûrement assez propice pour la tenue des élections". A.R.