L'afflux de ces éléments sert à renforcer la défense de Derna, menacée par une attaque de l'armée libyenne, dont les unités dans cette région sont dirigées par le général Khalifa Haftar, avec l'appui des forces aériennes égyptiennes. Cette localité tient une place importance dans la stratégie d'extension de Daech dans le Maghreb et le Sahel, où cette organisation commence à concurrencer AQMI. La Tunisie serait considérée comme un objectif prioritaire, étant perçue comme le maillon faible des pays de la région. Au Nigeria, face à l'expansion meurtrière de Boko Haram, le projet d'une force d'intervention multinationale élargie sous mandat onusien commence à faire son chemin pour stopper son avancée au nord du Nigeria et à ses frontières. Après la prise de Baga sur les rives du lac Tchad et ses incursions au Cameroun début janvier, le groupe dirigé par Abubakar Shekau vient conforter son emprise sur le nord-est du pays, en prenant le 25 janvier le contrôle de la ville de Monguno. Cette localité est le dernier verrou avant Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno, berceau historique de Boko Haram, aujourd'hui objectif stratégique du groupe pour asseoir ses ambitions de califat. L'étau se resserre autour du président Goodluck Jonathan, à qui ses voisins et partenaires internationaux reprochent son manque de volonté politique et de coopération pour contrer des actions qualifiées par des pays membres du Conseil de sécurité, dont la France, de «crimes contre l'humanité». Le contexte des élections présidentielles et législatives nigérianes du 14 février, exploité par le groupe pour jouer la surenchère, cristallise encore le risque d'instabilité dans le pays. En visite à Lagos ce même 25 janvier, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a fermement fait savoir au président Goodluck que les Etats-Unis conditionnaient le maintien de leur soutien politique et sécuritaire à des efforts plus convaincants de la part d'Abuja contre Boko Haram. Réunis à Addis-Abeba, le 26 janvier, pour préparer le sommet des chefs d'Etat les 30 et 31 janvier, l'exécutif de l'Union africaine (UA) a appelé à une mobilisation unitaire pour lutter contre cette menace. L'idée d'un élargissement du nombre de pays contributeurs en troupes à la force mixte multinationale (limitée aujourd'hui au Nigeria, Cameroun, Niger et Tchad), évoquée à Niamey le 20 janvier, lors du sommet international consacré à la lutte contre Boko Haram, en conformité avec le plan d'action adopté lors du sommet de Paris en mai 2014, a été validée. Une étape qui permettra aux chefs d'Etat africains, lors du sommet de l'UA, de demander à l'Onu de donner mandat à la force d'intervention multinationale en constitution et de créer un fonds spécial dédié à son financement. (suite et fin)