La journée de jeudi dernier a vu le passage du dernier accusé et le début de l'audition des témoins. Fella Ghrieb, fille d'un ex- ambassadeur, invitée à s'expliquer, a tout bonnement nié les faits. L'investisseur Alab El Kheir, qui dit avoir « ramené Samsung en Algérie », a adopté la même attitude. Dans son témoignage, Tayeb Zendaoui, qui occupait en 2009, le poste de vice-directeur de l'Entreprise du métro d'Alger, a affirmé que l'homme d'affaires Alab s'était présenté une fois à son bureau. « Il était, m'a-t-il dit, venu comme émissaire d'un ministre, à l'époque du défunt Meghlaoui, pour me demander de changer la liste des entreprises qui avaient souscrit à un appel d'offres de l'entreprise. » Le fait marquant de la journée a été, cependant, la lecture par le greffier du témoignage d'Amar Ghoul qui occupait à l'époque le poste de ministre des Travaux publics, dont le nom est revenu à maintes reprises, et qui a répondu par écrit aux 17 questions posées par le juge d'instruction. Il a récusé les accusations portées contre lui. Il a qualifié notamment celles de l'ex-directeur des nouveaux projets à l'Agence nationale des autoroutes (ANA), Mohamed Khelladi, d'« allégations tendancieuses, de fruit de son imagination et de mensonge flagrant ». Il s'est montré moins sévère sur l'ex-secrétaire général du ministère, Mohamed Bouchama. « C'était un homme de confiance et j'ai travaillé plus d'une dizaine d'années avec ce cadre sérieux, intègre et respectueux des lois », a-t-il affirmé. Devant le juge d'instruction, le ministre a, par ailleurs, soutenu, que « le marché du projet de l'autoroute a été adopté après plusieurs expertises internationales et fut approuvé par le Premier ministre ». « Il n'y a aucune transaction douteuse », a-t-il ajouté. Il a également nié avoir rencontré l'ancien ministre des Finances, Benachenhou, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Bedjaoui, et le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, dans un cadre restreint en présence d'un homme d'affaires français et de l'homme d'affaires algérien Sacha M. Ghoul a précisé que toutes les réunions auxquelles il a assisté ont eu lieu dans un cadre officiel. Il a, par ailleurs, démenti la prise en charge par les groupes japonais Cojaal et chinois CITIC, de l'équipement de sa résidence à Club des Pins, la prise en charge des frais de déplacements de la délégation qu'il présidait et l'équipement du pavillon algérien lors de la Foire internationale des routes à Paris. Concernant la prise en charge par le groupe Cojaal d'une session de formation au profit de cadres spécialisés en sismologie au Japon, il a rappelé que « celle-ci s'inscrivait dans le cadre d'un accord entre l'Agence nationale des autoroutes et le centre de formation des cadres algériens ». Pour la prise en charge des cadres du département du nouveau programme de Dely Brahim doté de véhicules de type 4x4 et de lignes téléphoniques gratuites, Ghoul a précisé qu'il était dirigé par Khelladi et « sa gestion relève de l'ANA et non de son ministère ». En fin de journée, les avocats de l'Agence nationale des autoroutes se sont attaqués à Mohamed Khelladi. « Sa mauvaise gestion et son incompétence sont à l'origine de toute cette affaire », a clamé Me Soufiane Chihani. « Khelladi a utilisé tous les moyens pour faire pression sur le groupe chinois CITIC-CRCC et la société japonaise Cojaal », a-t-il ajouté.