Le ministre des travaux publics nie la totalité des accusations portées à son encontre par Mohamed Khelladi, les qualifiant tantôt de “mensonges”, tantôt de “pures fabulations” ou “de tentative de nuire à sa réputation” “Le projet de l'autoroute Est-Ouest n'a rien à voir avec son département. Il a été encadré dans sa totalité par l'Agence nationale des autoroutes (ANA) après avoir été avalisé par la Commission nationale des marchés publics et avoir fait l'objet de deux expertises internationales”. C'est ce qu'a certifié le ministre des Travaux publics durant dans son audition par écrit par la justice. Selon lui, les deux études sont arrivées à la conclusion que le coût de ce projet est inférieur à d'autres réalisés en Europe dans les mêmes conditions de respect des normes et des délais de réalisation de travaux. Le dossier de l'autoroute Est-Ouest, affirme Amar Ghoul, a été étudié lors d'un Conseil ministériel restreint, à la suite duquel le gouvernement a donné le feu vert pour entamer les travaux. Le ministre des Travaux publics dément ainsi catégoriquement l'essentiel des déclarations, de Mohamed Khelladi ex-responsable de la direction des nouveaux projets de l'Agence nationale des autoroutes. Mohamed Khelladi, entendu par la justice d'abord comme témoin et par la suite comme inculpé, soutient que le barème international du kilomètre d'autoroute avec l'ensemble des équipements était évalué à l'époque à 6 millions de dollars. Pour l'Algérie, le kilomètre d'autoroute, sans équipement a dépassé le seuil des 8 millions de dollars. La différence aurait servi à payer les commissions aux différentes parties impliquées dans cette affaire. Il faut savoir qu'une grande partie des travaux de ce projet a été réalisée par l'entreprise chinoise Ctic-CRCC et la société japonaise Cojaal. S'il a concédé la véracité de quelques points révélés dans cette affaire, Amar Ghoul a néanmoins endossé l'initiative et engagé la responsabilité soit de l'Agence nationale des autoroutes, soit des services du Chef du gouvernement. C'est le cas notamment pour ce qui est de la prise en charge par le groupe chinois de la participation du pays au salon de Shanghaï. Il affirme que cette décision émane de la chefferie du gouvernement, instruction que son département a transmise à l'ANA. Il précise que cette démarche s'est déroulée dans un cadre officiel et avec l'accord des services du Premier ministre. Le projet de l'auto-route Est-Ouest relève des prérogatives de l'ANA Amar Ghoul réfute, en outre, d'avoir été mis au courant de la location de biens immobiliers, l'achat de véhicules et d'autres frais annexes au profit de l'ANA et la direction des nouveaux projets par l'entreprise japonaise Cojaal. Il rappelle que le projet de l'autoroute Est-Ouest relève des prérogatives de l'ANA, seule habilitée à gérer ses contacts avec les entreprises en relation avec ce dossier, dans le respect des lois. Le directeur général de Cojaal a, en effet, reconnu que son entreprise a mis à la disposition de la direction de nouveaux projets dépendant de l'Agence nationale des autoroutes (ANA) que dirigeait Mohamed Khelladi, 50 lignes et des téléphones mobiles, une quinzaine de voitures et bus, soutenant avoir loué 5 à 6 logements à Alger et 4 autres à Constantine au profit de la même direction, qui a bénéficié de la construction d'un bâtiment avec un logement de fonction. Il a souligné que cette bâtisse était prévue par le contrat qui lie sa société à l'ANA. Quant aux téléphones, il a déclaré devant la justice qu'ils ont été demandés par écrit par l'ex-directeur des nouveaux projets, qui tantôt l'expliquait comme faisant partie d'une clause liée aux travaux supplémentaires, tantôt à une autre, relative aux mesures d'accompagnement, prétextant que lesdites clauses obligent le maître d'œuvre à prendre en charge ces équipements ou ces services. À la question de savoir si réellement les groupes japonais et chinois se sont occupés de réaménagement et de l'ameublement de sa maison, le ministre réplique qu'il habite actuellement, à l'instar des autres membres du gouvernement à la résidence d'Etat du Club-des-Pins et qu'à ce titre l'entretien de la maison et son ameublement sont des prestations fournies par cette structure. En somme, Amar Ghoul nie la totalité des accusations portées à son encontre par Mohamed Khelladi, les qualifiant tantôt de “mensonges”, tantôt de “pures fabulations” ou “de tentative de nuire à sa réputation”. Dix-sept questions ont été en tout posées au ministre des Travaux publics. Ghoul affirme ne pas connaître Pierre Falcone Le juge d'instruction s'est intéressé en premier lieu à sa supposée relation avec Pierre Falcone, Boussaïd Nessredinne dit Sacha et s'ils ont été réellement conviés à une réunion ministérielle restreinte autour du projet de l'autoroute Est-Ouest. Amar Ghoul rétorque qu'il ne connaît pas Pierre Falcone et que ce dernier n'a aucun rapport avec son département. S'agissant de l'homme d'affaires Sid-Ahmed Addou, le ministre des Travaux publics explique ne l'avoir rencontré qu'une seule fois lors d'un mariage en présence de feu Mahfoud Nahnah. Il se défend d'avoir reçu de cadeau ni dans un cadre officiel ni non officiel. Il répond n'avoir jamais été mis au courant ni par Khelladi, ni par un autre de malversations concernant le projet d'autoroute Est-Ouest. Abordant un autre registre, il nie avoir envoyé Addou et aussi Kouidri comme intermédiaires auprès de la société française Egis, pour négocier des commissions. Il soutient qu'aucune relation de travail ne lie cette entreprise avec son département, évoquant seulement une relation de travail entre Egis et l'Agence nationale des autoroutes. Il faut préciser que cette question lui a été posée par le juge d'instruction, après que Addou eut déclaré avoir été chargé par Ghoul de rencontrer à Paris les responsables de l'entreprise française Egis Route afin de négocier des commissions. Ce qui a permis, selon l'enquête, à Egis de remporter la maîtrise d'œuvre du tronçon ouest du projet pour un contrat de 60 millions d'euros. Mohamed Khelladi, l'homme par qui le scandale a éclaté, a affirmé, lui aussi, devant le juge d'instruction que 20% de la transaction concernant le projet l'autoroute Est-Ouest allaient dans la poche de certains responsables. Il a révélé, en outre, que le groupe chinois Ctic-CRCC a proposé une matière première qui ne répond pas aux normes et au cahier des charges de ce projet. En l'occurrence le tuf traité en ciment et les poutres précontraintes au lieu du gravier non traité (GNT) tel qu'il était stipulé dans le contrat. Il a, par ailleurs, soutenu que le groupe chinois a tenté d'utiliser cette matière première de second choix en la comptabilisant au prix du gravier non traité, accusant l'ex-SG du ministère des Travaux publics d'avoir fait pression pour avaliser cette proposition des Chinois, sous prétexte de la rareté de la matière première recommandée au niveau de la région centre et ouest. Amar Ghoul a, de son côté, fait l'absolution de l'ex-SG des Travaux publics en liberté provisoire, après un an de détention, le décrivant comme un homme intègre. Nissa Hammadi