Photo : Makine F. Le constat est sans appel et alarmant à la fois : dans la capitale de l'Est la plupart des moins de trente ans n'ont jamais mis les pieds dans une salle de cinéma. Une vingtaine d'années après leur fermeture, rien n'a changé, ou pire les salles sont dans un état pitoyable, abandonnées et administrées durant des années par des incompétents qui n'ont rien à avoir avec le domaine et qui ont, en sus, pris en otage ce patrimoine culturel qui appartient pourtant à l'APC. Les quatre salles dépendant de la commune, El Andalous, El Anouar, Numidia et le Rummel, ont toutes été louées à des acquéreurs privés après que le décret sur la gestion du patrimoine fut voté en 1987, et depuis ces salles sont restées fermées une vingtaine d'années. L'APC a certes récupéré ses biens après une dizaine de procès mais les salles furent saccagées. Cet aveu du représentant de l'APC a irrité hier les participants au forum de la radio locale, Cirta FM, puisque aucun des anciens locataires n'a été puni. D'ailleurs, tous les responsables de l'APC y compris le directeur de la culture, ont donné des réponses approximatives, parfois même, ils semblaient embarrassés par les questions et les remarques faites par les journalistes. Et le comble du ridicule fut cette phrase prononcée par un des portes-parole de l'APC qui, en voulant justifier la fermeture des salles de cinéma qui perdure, déclara : «Il faut savoir que les temps ont changé, aujourd'hui les jeunes préfèrent rester chez eux regarder des DVD que d'aller au cinéma…». Surprenante déclaration de ce responsable, mais ignore-t-il que dans une petite maison de culture d'un quartier de la ville, un groupe de jeunes étudiants avec le peu de moyens dont ils dispose, rassemble deux fois par mois des centaines de jeunes autour d'une œuvre cinématographique ? Même discours plat et sans conviction du directeur de la culture M. Foughali qui a, à son tour, expliqué le retard dans la réhabilitation des salles de cinéma par le simple fait que les conditions socio-culturelles ne sont pas propices pour les rouvrir dans l'immédiat : «Attendons d'abord, il vaut mieux mener une sérieuse étude puis décider après», a-t-il précisé. Pourtant, avec la venue du nouveau wali, M. Bedoui, le vent risque de tourner. Ce dernier a laissé entendre dernièrement lors d'une visite d'inspection qu'il fera le grand ménage dans les salles de cinéma. M. Foughali a par ailleurs donné des précisions sur le cas de la cinémathèque An Nasr. Après avoir subi une opération de réhabilitation début des années 2000, les travaux se sont avérés non conformes selon lui : «A l'époque, la réhabilitation s'est faite alors que la nouvelle loi portant sur les salles de cinéma n'existait pas encore et la Protection civile a, dans son rapport, décelé une étanchéité ne répondant pas aux nouvelles normes. Cela dit, des travaux vont être lancés pour corriger les lacunes». Quant à l'autre salle rattachée à la direction de la culture, en l'occurrence Cirta, la réalisation de l'étude de sa rénovation devra en principe avoir lieu début 2011, selon M. Foughali. Au final, ni le directeur de la culture, ni les représentants de l'APC n'ont avancé une date précise sur la réouverture des huit salles que compte la ville, des promesses encore une fois n'ont tenu et qui frustreront les cinéphiles constantinois.