« L'Algérie devra passer de la préfabrication à l'industrialisation du bâti pour gagner en coûts et en délais de réalisation », a estimé, hier, le DG du Centre national d'études et de recherche intégrées du bâtiment (CNERIB), Hamid Arfa lors d'une journée d'étude sur le bâtiment en marge du Batimatec qui se tient à la Safex. Selon le responsable du CNERIB, l'Algérie a « une bonne expérience en la matière qui remonte aux années 70 », mais « elle devra aussi éviter les erreurs du passé et tirer des enseignements de cette phase. L'expérience a montré que cette stratégie n'a pas permis d'avoir un bon rendement et une forte intégration », les deux n'ayant pas permis d'atteindre plus de 30 ou 40%, a-t-il précisé. L'Algérie a une demande importante en matière de bâti, logements et infrastructures alors que les « capacités de l'outil de réalisation sont faibles », a relevé ce responsable, rappelant que le secteur de l'habitat a adopté cette stratégie pour la réalisation des plans quinquennaux en cours avec un appel à investissement sur « fonds propres » pour implémenter des usines de préfabriqué. Mais cette stratégie exige, selon Arfa, une véritable refonte du secteur de l'habitat avec la restructuration et le redéploiement des entreprises de réalisation pour pouvoir répondre à la taille des marchés. Autre thème d'actualité abordé lors de ce salon : la promotion du produit national. La question a été développée par la DG du Centre national de l'ingénierie de la construction (CNIC), Malika Messaoud Nacer, qui estime que ce sujet est d'actualité. D'ailleurs, la législation qui impose la préférence nationale existe déjà, citant les articles 54 et 55 du code des marchés publics et l'article 21 du CCAG (Cahier des clauses administratives générales) qui remonte à 1964. Elle rappelle que ce même code accorde une préférence nationale de 25 % dans les appels d'offres alors qu'en matière de partenariat, la loi oblige la société étrangère qui réalise un marché d'investir localement. La dérogation d'importation n'est accordée au partenaire étranger que « lorsque le produit ou l'outil national ne peuvent satisfaire ces besoins, et c'est à ce partenaire d'apporter la preuve que l'industrie algérienne n'est pas en mesure de satisfaire cette demande », a souligné l'intervenante. Il existe une panoplie de produits algériens qui peuvent s'insérer dans la sous-traitance avec les études, le conseil, le contrôle... Cadrer l'utilisation des produits et services algériens dans les contrats de réalisation Toutefois, la responsable du CNIC déplore que ces dispositions ne soient pas bien appliquées sur le terrain. « Il y a, souligne Malika Messaoud Nacer, tout simplement une méconnaissance de ces textes », signalant l'existence d'organismes de suivi tel le CNIC qui avec les autres partenaires sont à même de « cadrer l'utilisation des produits et services algériens » dans les contrats de réalisation. La DG du CNIC a insisté sur le contrôle rigoureux car « beaucoup de produits importés pas nécessairement de bonne qualité sont malheureusement utilisés dans la construction ». D'autre part, l'Algérie a besoin d'une véritable industrie du bâtiment et de qualité. Autre sujet qui a retenu l'attention des opérateurs et des experts, le contrôle exercé par les services du CTC (Contrôle technique de la construction), auquel on a ajouté récemment de nouvelles missions, celui de l'expertise et du diagnostic. Des missions qui ont permis à son DG, Mohamed Echerif, de rappeler la dotation du CTC d'outils sophistiqués, trois géo-radars, dont l'un a été utilisé dans la remise en l'état du stade 5-Juillet avec le concours d'une agence turque et du Cnerib. Le diagnostic du CTC porte aussi sur le vieux bâti.