La tradition soufie a toujours accompagné la ouma dans les moments de crise. Un désir de paix maintes fois exprimé par l'association internationale soufie Alawiyya, qui prévoit la tenue, en 2016, de la Journée mondiale du vivre ensemble. Le projet a été adopté par 22 pays. L'idéal serait d'impliquer les peuples de tous les continents et de parvenir à sa reconnaissance officielle par les Nations unies. Invité hier du forum de Liberté, le guide spirituel de la confrérie, cheikh Khaled Bentounès, a mis en exergue la portée de cette journée qui constitue un message adressé à la jeunesse et aux citoyens du monde entier pour construire une société basée sur des valeurs essentielles. Le but de la confrérie est de faire de la Journée mondiale du vivre ensemble un projet d'avenir pour un monde à venir à l'effet de « se rassembler sans se ressembler, de rassembler pour assembler ». Pour lui, la mission est certes noble mais loin d'être facile dans un monde marqué par les guerres et les conflits et où 33% de la population détient 92% des richesses mondiales. Selon cheikh Khaled Bentounès, l'heure est la mobilisation de la société civile pour sensibiliser l'institution onusienne à décréter cette journée, dont les actions s'articulent autour de huit axes. Le conférencier cite en premier l'action citoyenne, la réflexion partagée et la construction de ponts, en mobilisant la jeunesse et en diffusant un message de paix à travers la planète. Pour ce guide spirituel, il est temps pour l'humanité, qui vit une ère de conflits, de puiser dans le patrimoine commun des sagesses afin de renouer avec la paix et la spiritualité. « En revisitant les textes sacrés, la journée mettra en lumière leur caractère universel et favorisera la réconciliation entre les cultures et la tradition de la famille humaine tout en nourrissant une spiritualité vivante qui donne sens à la vie », a déclaré Bentounès, insistant sur la nécessité de créer un conseil des sages de l'humanité. « Comment se fait-il qu'à l'ONU, il y a un Conseil de sécurité qui décide qui bombarder mais on n'a pas un conseil des sages qui puisse au moins accompagner l'évolution de l'humanité ? », s'est-il interrogé, estimant que c'est à la société civile de prouver que la paix est quelque chose de viable et aide à la prospérité des uns et des autres. Un des objectifs de la journée est de créer une académie mondiale de la paix. « Pourquoi l'institution dispose d'une académie de la guerre mais pas celle de la paix ? La paix ne vaut-elle pas la peine d'être enseignée pour pouvoir gérer les conflits autrement que par la force et la puissance », se demande-t-il encore. Le conférencier estime que la culture de la paix doit être inculquée dès l'enfance. « Il faut un enracinement de la paix à travers un enseignement pédagogique », a-t-il soutenu en se référant à l'ouvrage écrit en 1909 par Cheikh El Alawy, fondateur de la confrérie, intitulé « Le Cercle de la qualité et des vertus ». « Il faut promouvoir un ijtihad continue pour l'ouverture d'un débat. Nous avons intérêt à promouvoir une société où le débat est ouvert et ne se base pas sur un principe sectaire ou régional », relève-t-il, estimant qu'il est primordial d'initier l'enfant, dès son jeune âge, à l'ouverture à l'universalité.