Photo: Fouad S. Dans cet entretien, le directeur général de la Bourse d'Alger, Mustapha Ferfara, évoque la modernisation de cette institution financière, ses activités, les raisons du retrait du groupe Eriad Sétif, les contraintes du groupe Cevital. Il parle également de l'emprunt obligataire du groupe Dahli et l'apport de la LFC pour son institution. Plusieurs années après sa création, la Bourse d'Alger affiche un palmarès des plus modeste. Selon des observateurs, il a été décidé l'instauration d'un plan de modernisation au niveau de l'institution. Qu'en est-il exactement ? Tout à fait, la Bourse d'Alger a connu une activité relativement modeste, c'est pour cette raison que les autorités ont demandé aux institutions de conjuguer leurs efforts afin d'élaborer un plan d'action visant la modernisation du marché boursier national. Ce plan de modernisation a été élaboré au cours des 12 mois passés, il est actuellement en phase d'approbation et il vise à la fois l'amélioration qualitative et quantitative des indicateurs d'activité au niveau du marché boursier en particulier. Ce plan de modernisation s'étalera sur une durée de 24 mois et est composé de deux phases. La 1re étape s'étale sur six (6) mois, et l'autre sur 18 mois. En évoquant justement les activités de la Bourse d'Alger, où en sont-elles exactement ? Actuellement, les activités de la Bourse se limitent principalement à l'organisation des séances de négociations sur des valeurs mobilières inscrites à la cote officielle. En effet, nous avons actuellement deux actions cotées, il s'agit des actions de l'EGH El Aurassi et Saidal et cinq obligations (deux obligations de la Sonelgaz, une obligation qui concerne Algérie Télécom, une autre pour Air Algérie et la dernière concerne le groupe Dahli). Les activités de la Bourse consistent principalement à tenir les séances de négociation de façon à permettre la négociation et la liquidité de ces titres. Nous tenons deux séances par semaine, tous les lundis et mercredis, pour les valeurs mobilières émises par les sociétés. Et nous organisons des séances quotidiennes de cotation sur les titres des Obligations Assimilables au Trésors. Actuellement nous comptons un encours qui dépasse 170 milliards de dinars. Pour ce qui est de l'encours des 5 obligations, il s'élève à 84 milliards de dinars. Mis à part les titres cotés EGH El Aurassi, Saidal et les 5 obligations, y a-t-il des titres qui s'affichent à l'horizon ? Les titres cotés qui englobent la Bourse d'Alger sont au nombre de 7 titres corporatifs et 20 titres émis par le Trésor public. Dans les titres corporatifs, nous avons deux actions et 5 obligations. Pourquoi l'Eriad Sétif s'est retirée de la Bourse d'Alger ? Eriad Sétif s'est retiré de la Bourse d'Alger pour des raisons liées à son expérience au niveau de la Bourse qui n'était pas très positive en dépit d'un démarrage pourtant positif. Ensuite sa situation financière s'est détériorée suite à une concurrence imposée par le marché. Le groupe a été obligé de céder le titre afin d'aller se positionner sur une forme de placement plus rentable. Le cours a fléchi sur le marché et il ne reflétait pas la valeur de l'entreprise. Elle a préféré se retirer du marché pour permettre une restructuration de ses filiales et notamment celle de sa stratégie à la fois commerciale et financière. Actuellement, l'entreprise se porte mieux et dégage des bénéfices. Qu'en est-il de l'entrée du groupe Cevital ? Je crois que M. Rebrab l'a mentionné à plusieurs reprises. Cevital a déjà eu une expérience au niveau du marché financier en émettant de l'emprunt obligataire qui a connu un succès. L'introduction en Bourse se fait par des opérations d'offre publique de vente. Ces opérations sont en quelque sorte imposables. Le niveau d'imposition décourage les opérateurs économiques et c'est cela qui a fait que Cevital a différé l'introduction de ses sociétés au niveau de la Bourse d'Alger. La contrainte qui se pose au stade actuel c'est la contrainte fiscale qui empêche certains émetteurs d'effectuer des opérations et d'effectuer des cotations. Concernant les emprunts obligataires, certains ont été une réussite totale alors que d'autres ont donné des résultats mitigés. Comment analysez-vous les résultats de l'emprunt obligataire Dahli ? Le groupe Dahli n'a pas atteint son objectif. Celui de drainer 8,3 milliards de dinars. Il a récolté 2,3 milliards de dinars. L'investisseur algérien est frileux. Cette frilosité s'explique par un historique : la faillite des banques privées locales qui ont causé des pertes colossales aux déposants. On a enregistré, cependant, 1 259 souscripteurs, soit davantage que l'emprunt d'Algérie Télécom lancé en 2006. Mais il reste que cette entité privé économique a pu quand même mobiliser un nombre important de souscripteurs. Que pensez-vous des dispositions de la loi de finances complémentaire ? La loi de finances de 2009 et la loi de finances complémentaire 2009 ont apporté un plus à la Bourse d'Alger. Ces avantages résident dans les facilités attribuées aux sociétés nouvellement constituées. L'orientation vers l'actionnariat national permettra éventuellement le développement du compartiment action au niveau de la Bourse. Les opérateurs économiques, étrangers notamment, voulant créer des entreprises, devront détenir 49% et 51 % pour les nationaux. Pour mieux diffuser la prise de participation des nationaux, ces entreprises vont éventuellement recourir au marché financier en émettant des actions dans la Bourse. Il y a aussi l'exonération fiscale qui a été reconduite sur les titres cotés dans les marchés organisés qui facilite actuellement le placement des titres obligataires ou de capital auprès des investisseurs qui sont nets d'impôts.