M. Cheikh Bouamrane. La peine de mort fait débat même dans les milieux religieux. Un peu comme la polygamie où les avis divergent entre ceux qui ont une interprétation littérale des versets du Coran et ceux qui estiment que l'ijtihad permet d'adapter les enseignements de la religion aux exigences de l'évolution. Le cheikh Chibane a été catégorique. «Le Coran stipule, selon lui, que celui qui a tué volontairement est condamné à la peine de mort». A ses yeux, «la justice est faite lorsque l'assassin est condamné à mort et non pas lorsqu'on sympathise avec le criminel aux dépens de la victime». Pour celui qui revendique l'héritage de Ben Badis «ceux qui pensent que la peine de mort est un acte barbare, déshonorant ainsi les sociétés modernes, se trompent». Le professeur Amar Talbi estime ainsi que «le Coran dans des versets explicites évoque El Qassas qui impose le châtiment suprême. Celui qui a attenté à la vie d'un homme est comme quelqu'un qui a tué tous les hommes». Pour ce membre de l'association des oulémas «la charia repose sur la loi du talion, œil pour œi, dent pour dent». Il poursuit en disant que «dans un pays où la Constitution stipule que l'islam est religion d'Etat, on doit aussi en tirer la conséquence». Le président du HCI, M Cheikh Bouamrane, s'est aussi fermement opposé à l'abolition de cette peine. Il s'appuie sur un autre argument. L'Algérie et les pays musulmans ont une autre approche de la famille, de l'organisation sociale qui ne doit pas se conformer aux injonctions des puissances occidentales. Le professeur Smati, sociologue et membre de la CNDPDH affirme que «le Coran et les enseignements de l'islam exhorte en même temps au pardon. L'islam est selon lui, n'est nullement une «religion qui encourage la vengeance mais valorise la tolérance et le pardon». El Qassas est le dernier recours après qu'on ait épuisé les possibilités de réconciliation. Il fait enfin référence à cette coutume prévue dans les textes religieux qui consiste à se racheter en payant le prix du sang à la famille de la victime. C'était une coutume d'ailleurs répandue en Algérie pour éviter le cycle interminable des vendettas dans la société traditionnelle. Le romancier Malek Ouary s'en est inspiré pour publier son roman «Le grain dans la meule» en 1956, adapté en film au milieu des années 80.