Sous pression de la communauté internationale, le président Pierre Nkurunziza, dont la candidature à la présidentielle du 26 juin est contestée depuis un mois, durcit le ton. Il rejette les pressions diplomatiques visant à « ébranler et -dans une large mesure- saper les institutions républicaines et constitutionnelles » du pays. « Les questions qui touchent à la souveraineté, à la constitutionnalité et à la primauté du droit qui régit la République du Burundi constituent une ligne rouge et ne peuvent être sujettes à débat », dit-il, tout en précisant qu'il « apprécie les conseils de tous ceux qui sont préoccupés par la situation ». Les analystes craignent après cette sortie du président et la détermination de l'opposition à lui barrer la route du 3e mandat, une reprise de la violence, voire de la guerre civile qui a déchiré le pays. Selon Philippe Nzobonariba, secrétaire général et porte-parole du gouvernement, « certaines délégations d'envoyés spéciaux et des comités d'éminentes personnalités dépêchées par la communauté internationale pour aider à trouver des solutions à la crise actuelle débarquent au Burundi avec des idées et des recommandations préconçues sans se donner la peine de vérifier les faits sur le terrain ». Pis, ajoutent-ils, « des médias et des agents étrangers encouragent et soutiennent ouvertement les rumeurs accompagnées de manifestations violentes dans quelques quartiers de la capitale burundaise provoquant ainsi un exode de réfugiés vers les pays voisins ». Le gouvernement qui estime que « les faits sur le terrain contredisent ces rapports », ordonne le déploiement des forces de sécurité dans les quartiers contestataires de Bujumbura. Ordre leur a été donné d'empêcher tout rassemblement et de faire usage, le cas échéant, de leurs armes. Les dirigeants des pays membres de la Communauté d'Afrique de l'Est (Tanzanie, Kenya, Ouganda et Rwanda) qui n'ont pas pu convaincre leur homologue burundais de renoncer à son 3e mandat conformément à la Constitution et à l'Accord d'Arusha pour la paix et la réconciliation du Burundi de 2000, prévoient de se retrouver dimanche à Dar-Es Salem pour un second sommet sur cette crise, la plus grave depuis dix ans. Elle pourrait « pousser » selon certains analystes le régime à être « plus répressif qu'il ne l'est » et certains partis politiques à reprendre les armes et à relancer la guerre civile qui pourrait s'étendre cette fois à la République démocratique du Congo et au Rwanda, deux pays qui auront leurs présidentielles en 2016 et 2017. Le président burundais qui a été victime d'une tentative de coup d'Etat le 13 mai dernier, prendra-t-il part à ce deuxième sommet ? « Tous les chefs d'Etat vont venir », déclare Othieno Owora, du secrétariat de l'EAC. Saïd Djinnit, l'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies dans la région des Grands Lacs, assure que le « dialogue » est la solution. Il exhorte toutes les parties (pouvoir et gouvernement d'un côté et opposition et société civile de l'autre) à faire preuve de retenue et à maintenir l'esprit du dialogue. L'Union africaine aussi reste résolument en faveur d'un dialogue. Smaïl Chergui, le Commissaire de l'Union africaine à la paix et à la sécurité, l'a rappelé lundi soir à N'Djamena à l'occasion du 16e sommet de la Communauté économique de l'Afrique centrale.