Il faut savoir gré au HCA (Haut-Commissariat à l'amazighité) de rompre avec une détestable habitude de nos organismes chargés d'organiser des colloques. Une fois les participants repartis et les résolutions consignées, les traces des travaux se perdent souvent, emportées par l'oubli ou la négligence. Cette manière de faire ne semble pas être de mise au HCA. Il vient de mettre à la disposition du public intéressé, les actes de deux rencontres internationales qu'il avait organisées. La première fut un colloque qui s'est déroulé à Azazga (wilaya de Tizi Ouzou) du 7 au 9 juin 2014. Son thème générique était « Médias, communication, langues et langages : où en est tamazight ? ». A l'heure où les médias, sous l'effet des évolutions technologiques et du remodelage législatif, connaissent une notable évolution, il était opportun de s'interroger sur la place de la langue amazighe, longtemps marginalisée. M. Bedreddine, assistant du directeur général de l'ENRS, répertorie, chiffres et statistiques à l'appui, les « acquis et les attentes » en la matière. Tout en relevant « l'apport des médias audiovisuels à la préservation et à la promotion de cette langue », il plaide pour « un soutien plus fort des pouvoirs publics et des institutions compétentes ». Au-delà des constats et des rappels, quelques communications, à l'instar de celle de Dahbia Aït Kaci (Université de Mostaganem), procèdent à une analyse des programmes de l'ENTV. Ceux de la TV 4 sont également soumis à la critique par deux autres chercheurs. Les communications témoignent des efforts des pouvoirs publics pour introduire la langue amazighe et assurer son essor dans les différents médias. Les experts nationaux (Mostefaoui, Dourari, Lounaouci....), ou étrangers venus de France ou de Tunisie, offrent un panorama reflétant les réalités de la présence de la langue sur différents supports médiatiques. Ils mettent aussi en avant et les obstacles et les difficultés auxquels elle se trouve confrontée. Se réapproprier l'histoire En septembre de la même année 2014, lors d'une rencontre de même dimension à El Khroub, près de Constantine, c'est l'Aguellid Massinissa ( 238 - 148 avant JC) qui a été ressuscité, durant trois journées de travaux. Dida Badi, anthropologue au CNRPAH, et coordonnateur scientifique du colloque, rappelle que la Numidie sous Massinissa « réalisa, pour la première fois, son unité politique, avec Cirta comme capitale unique du royaume ». De nombreux ministres furent présents lors des deux rencontres. Plus ancrées dans l'histoire, les communications autour de Massinissa ne se contentent pas de nous faire découvrir le personnage et la période où il régna. Même si le docteur Mohamed El Hadi Hareche (université d'Alger), dont la communication est reproduite en arabe, nous plonge dans la période qui vit Massinissa conquérir le pouvoir et les problèmes de succession qui ont surgi après sa mort. Mathilde Cazeaux, doctorante à Montpellier, dresse un portrait moral du souverain. Des interventions pointues de spécialistes venus d'Italie, de Tunisie ou de Grèce, évoquent également le rôle de la numismatique, les jeux en cours dans l'environnement géopolitique d'alors, et les possibilités qu'offre l'archéologie pour la connaissance de notre passé. Deux maîtres de conférences, une Américaine et un Anglais, s'intéressent aux échos de la langue, des sanctuaires et des institutions civiles carthaginoises chez les Numides. Non disponibles dans le circuit commercial, les deux publications sont destinées aux chercheurs et à ceux qui s'intéressent aux questions abordées lors des deux colloques. Ils peuvent prendre attache avec le HCA pour obtenir un exemplaire.