Dans une analyse du bilan des incendies de la campagne 2014, présentée par L. Achat, inspecteur en chef des forêts, lors d'une journée de formation sur les incendies de forêt qui s'est tenue lundi dernier à la maison de la culture Taos-Amrouche, il ressort que Bejaïa a subi l'an dernier 440 incendies. 4321 hectares dont 959 de forêt ont cramé. Ces incendies ont touché surtout certaines circonscriptions, à l'instar de celles de Souk El Tenine et Bejaïa, avec respectivement 153 et 95 sinistres, et à un degré moindre Adekar (61), El Kseur (52) et Chemini (44). La gravité de ces incendies est également disparate, certains ayant pu être circonscrits en moins d'une heure, la plupart ayant nécessité plusieurs heures et jusqu'à plus d'une journée pour en venir à bout. Les différentes communes de Bejaïa ne sont, en effet, pas exposées de manière identique au risque d'incendies, comme s'est attaché à le démontrer L. Abbane, chargé de bureau incendies et maladies, dans sa communication sur la « sensibilité du patrimoine forestier de Bejaïa aux incendies ». Leur classification montre que 22 d'entre elles sont faiblement exposées, 11 moyennement exposées, tandis que 19 communes ont un degré de danger élevé ou très élevé. Concernant la campagne 2015 de prévention et de lutte contre les incendies de forêt, le plan mis en place comporte plusieurs volets : l'organisation, la sensibilisation, la prévention et l'intervention. Ceux-ci couvrent les aspects réglementaires, l'installation du comité opérationnel de wilaya, de 17 comités de daïra et de 35 comités opérationnels communaux, ainsi qu'un comité des associations de wilaya pour prêter main forte en matière de prévention, d'alerte ou même d'intervention sur les foyers de feu naissants, la sensibilisation à travers les différents médias et les opérations d'entretien des accotements de route ou des tranchées pare-feux, la mise en place de postes de vigie, l'ouverture de pistes, l'aménagement de points d'eau, outre le déploiement d'un réseau de communication radio. Selon le conservateur des forêts de Bejaïa, Ali Mahmoudi, c'est la première fois que Bejaïa a atteint un tel degré de préparation et que la problématique de la lutte contre les incendies est prise en charge avec autant d'engagement par les élus et la population. Il a, dans son intervention, rappelé que la forêt, outre les incendies, subit des atteintes multiples et que la loi n'est pas répressive et l'administration locale peu diligente dans son action pour dissuader leurs auteurs, précisant tout de même que pour une fois, la justice a condamné dans une affaire des contrevenants à quelques années de prison, en sus des amendes. Un verdict qui reste toutefois à confirmer en appel. Le conservateur a rappelé également que la forêt de Bejaïa, notamment de chêne-liège, ont une valeur économique qu'il s'agit de préserver. La production de liège dans la wilaya ne cesse de se détériorer. De 8.000 quintaux en moyenne auparavant, elle a dégringolé à 3155 qx en 2014 et une prévision de seulement 2535 qx cette année. Il expliquera que les incendies dans ce cas peuvent porter gravement atteinte à cet arbre et parfois l'anéantir complètement. La Conservation des forêts n'agit, bien évidemment, pas seule dans ce plan de campagne. La Protection civile, comme l'explique le capitaine Soufi, est présente avec son dispositif et ses brigades d'intervention, épaulées par la colonne mobile installée. Toutefois, en matière de surveillance aérienne, si la Protection civile a bien acquis quelques hélicoptères, les pilotes sont encore en formation, précise-t-il. D'autre part, ajoute Ali Mahmoudi, l'agence ASAL, qui a un œil sur tout le territoire national grâce à Alsat2, concourt à la surveillance des feux de forêts, outre des entreprises comme Sonelgaz ou les compagnies aériennes, qui sont tenues de signaler tout incendie repéré.