« La Nefka », une pratique ancestrale consistant à partager, à parts égales, de la viande et des abats de bovins ou d'ovins, provenant de l'abattage d'une bête acquise solidairement par plusieurs personnes, reste très répandue en ce début de Ramadhan à El Tarf. Mieux, la Nefka (ou ouziaâ dans d'autres régions du pays) semble s'intensifier durant le mois sacré, de nombreux pères de famille de condition modeste y trouvant leur content de viande : parfois jusqu'à 20 kg lorsqu'il s'agit d'un bovin, en dehors des abats, contre paiement d'une somme comprise entre 12.000 et 15.000 DA. Depuis quelques jours, à quelques mètres du bord de la RN44 reliant Annaba à El Kala, notamment à l'entrée des villes et villages, de nombreux groupes de personnes peuvent être aperçus en train d'immoler un animal (le plus souvent un taureau, un taurillon ou une vache) avant de lui retirer la peau, le dépecer pour ensuite le débiter en plusieurs dizaines de parts rigoureusement égales. Des parts que l'on dispose sur un tissu ou une toile cirée et où l'on trouvera un petit morceau de chacune des différentes parties de la bête, y compris des abats. Les pattes et la tête sont généralement offertes à celui qui aura « piloté » l'ensemble de la tâche. Toufik B., un sexagénaire rencontré à l'entrée de la localité de Ben M'hidi, s'attelant au partage d'un bovin égorgé et découpé sur place, explique que dans cette région de l'est du pays, la Nefka est généralement pratiquée à partir de la fin du mois de chaâbane pour se poursuivre durant la première semaine du mois sacré de Ramadhan. Beaucoup de bienfaiteurs de la région recourent à la Nefka pour venir en aide aux personnes dans le besoin. Plusieurs parts sont ainsi offertes à des familles nécessiteuses pour qu'elles ne soient pas privées du goût de la viande durant les premiers jours de jeûne, explique Toufik. Mais il se trouve, selon cet homme, que « plus qu'un acte de solidarité envers les démunis, et plus qu'un moyen de faire l'économie de quelques centaines de dinars, la Nefka, en dehors, de son côté traditionnel, nous rappelle les vertus du partage et de l'entraide entre musulmans ». Ce qui, ajoute encore la même source, n'a pas de prix en ces jours de rapprochement de Dieu.