Après le rappel à l'ordre du ministère de la Communication, les chaînes de télévision privées ont opéré des modifications dans leurs programmes. Si certaines reconnaissent que « leurs programmes comportent des actes de violence », d'autres jugent que la note ne les concerne pas et ne savent pas comment gérer cette nouvelle donne. « Ennahar TV n'est pas concernée par cette instruction. Nos programmes ne comportent pas de scènes de violence et notre caméra cachée, qui continue d'être diffusée tous les soirs, n'évoque ni les tueries ni les groupes armés », a indiqué le directeur de la chaîne, Anis Rahmani. Selon lui, les responsables de cette chaîne « ont vécu la tragédie nationale et sont conscients qu'il ne faut pas revenir en arrière ». « Nous connaissons la situation actuelle du pays. Nous sommes conscients des enjeux et il n'est pas question pour nous de mener une telle aventure », a-t-il ajouté. Par contre, Dzaïr TV a procédé, juste après la publication de la mise en garde de la tutelle, au retrait de sa caméra cachée. « Nous avons une caméra cachée intitulée "le Couloir" que nous avons arrêté de diffuser depuis hier car elle contient des scènes de violence », a expliqué le directeur de la chaîne, Mohamed Hakem. Néanmoins, il a précisé que ce retrait a été fait par mesure de précaution. « Notre caméra cachée ne fait pas l'apologie du terrorisme et de la violence. Elle contient des scènes de violence ordinaire, donc nous avons décidé de nous inscrire dans la démarche du gouvernement en arrêtant définitivement sa diffusion », a-t-il ajouté. Le directeur de Dzaïr TV reconnaît que « c'est le seul programme décrié dans la grille de la chaîne » dans la mesure où « nous ne sommes pas concernés par les prêches dénoncés par les téléspectateurs ». Pour Mohamed Hakem, l'instruction du ministère de la Communication concerne toutes les chaînes de télévisions privées qui émettent en Algérie et pas seulement les cinq chaînes citées dans le communiqué. « Le ministère a cité les cinq chaînes qui ont l'autorisation d'exister en Algérie mais la note s'adresse à l'ensemble de ces médias », a-t-il estimé. Le dilemme d'Echourouk TV Dans sa mise en garde, le ministère a prévenu ces chaînes qu'il prendrait les mesures légales qui s'imposent, pouvant aller jusqu'au retrait de l'autorisation. Mais cette mesure ne signifie nullement l'arrêt de la diffusion pour ces chaînes. « Le retrait de l'autorisation nous donne le droit d'existence au niveau local, cela signifie que la chaîne deviendra illégale au même titre que les autres chaînes qui activent en Algérie et ailleurs », a expliqué le directeur d'Ennahar. La mise en garde du ministre semble mettre mal à l'aise les responsables d'Echourouk TV. La publication de cette note a créé un malaise au sein de l'entreprise et les responsables ne savent plus quelle attitude adopter. Et pour cause, une source proche de l'entreprise nous affirme que la chaîne ne peut pas arrêter la diffusion de la caméra cachée vu l'investissement colossal consenti. « Elle ne peut pas non plus surseoir à l'application de cette instruction eu égard aux retombées d'une telle attitude. » Un dilemme. Hoggar TV est un peu plus à l'aise. Son directeur, Nabih Boudjemaâ, ne considère pas la note du ministère « comme une ingérence dans les affaires internes des chaînes » ou « une limitation de la liberté d'exercice » mais plutôt « un point d'ordre » nécessaire pour protéger la société et la famille algériennes des méfaits que peuvent occasionner ces programmes. En affirmant que Hoggar TV n'a pas de programmes « favorisant la violence et le meurtre », il annonce des « mesures permettant à cette chaîne de se conformer à la loi de 2014 en créant Hoggar TV Bank, spécialisée dans l'économie ». A rappeler que le ministère de la Communication a instruit les responsables de certaines chaînes de télévision privées à « prendre, sans délai, des dispositions pour expurger les grilles de programmes, des expressions de violence et autres scènes contraires aux traditions et valeurs ancestrales de la société et à ses valeurs religieuses, qui bannissent la violence sous toutes ses formes et sacralisent la famille algérienne encline à la paix et à la sérénité ». Dans le même contexte, il a précisé que son département veillera au suivi de la situation. « Les services de la tutelle resteront attentifs aux programmes diffusés pour s'assurer de la mise en œuvre effective des mesures préconisées afin de les corriger », note le département de Hamid Grine.