Selon les Russes, la politique américaine contre ce groupe terroriste n'a eu jusqu'ici que des conséquences « lamentables » et « tragiques ». « En deux ou trois attaques, Daech a mis la main sur tellement d'armes qu'il est maintenant mieux équipé que l'armée irakienne. Et tout cela arrive avec le soutien des Etats-Unis ! », déclare Vladimir Poutine. « J'ai reçu une promesse du président Poutine qu'il allait soutenir la Syrie, politiquement, économiquement et militairement », affirme Walid Mouallem, le ministre syrien des Affaires étrangères, à Moscou lors d'une conférence de presse commune avec son homologue russe Sergueï Lavrov après une rencontre avec le numéro un du Kremlin. « Nous sommes convaincus qu'au final, le peuple syrien sera victorieux », lui aurait dit le président russe. Moscou, qui a apporté son soutien à Damas au Conseil de sécurité en s'opposant à chaque fois aux Occidentaux qui voulaient condamner le régime syrien et accueilli deux séances de négociations entre le pouvoir et l'opposition qui n'ont pas abouti à des résultats tangibles, pense réussir là où les Etats-Unis ont échoué : constituer une coalition internationale pour combattre Daech qui contrôle plus de 300.000 km arrés en Syrie et en Irak. « Si les dirigeants syriens considèrent (l'idée d'une coalition) acceptable et possible, nous ferons tout notre possible pour vous soutenir. Et nous utiliserons nos relations, qui sont bonnes avec tous les pays de la région, pour tenter de créer à tout prix une telle coalition », lui a dit Poutine. « Tous nos contacts avec les pays de cette région montrent que lorsqu'il s'agit de combattre Daech, chacun est prêt à combattre ce mal. Cela s'applique à la Turquie, à la Jordanie, à l'Arabie saoudite », a ajouté le président russe à Walid Mouallem sans trop convaincre ce dernier. « Une alliance avec l'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar ou les Etats-Unis nécessite un grand miracle », estime l'homme de confiance de Bachar Al Assad. « Comment ces pays qui ont encouragé et financé le terrorisme peuvent-ils devenir des alliés contre le terrorisme ? », s'est-il interrogé. « Compte tenu de la situation extrêmement grave, il faudra oublier les offenses passées, régler les contradictions existantes et unir les efforts dans la lutte contre Daech », lui aurait fait remarquer Iouri Ouchakov, un conseiller au Kremlin. Selon la presse russe, Moscou et certains pays de la région, dont l'Arabie saoudite, travailleraient actuellement sur la possibilité d'organiser des élections législatives et la formation d'un nouveau gouvernement à Damas après l'ouverture d'un dialogue entre Al Assad et l'opposition. « Nous sommes prêts à pousser le président Assad afin qu'il engage des discussions avec l'opposition ‘‘saine'' en vue de réformes politiques. C'est tout à fait réalisable », a déclaré récemment le président russe à Saint-Pétersbourg. Washington, qui a reconnu son incapacité à trouver parmi les membres de l'opposition syrienne modérée suffisamment de militaires prêts à se battre contre Daech, même en payant le prix fort - le Congrès a débloqué 500 millions de dollars pour former 5.400 soldats -, laisserait-il Moscou faire ? Peu probable. La Turquie, qui exclut la création d'un Etat kurde englobant son sud-est, n'exclut pas une intervention militaire en Syrie. Quid des réactions internationales ? Selon le journal Yeni Safak, Ankara adoptera le système utilisé par l'armée israélienne au Liban-Sud.