L'Eurogroupe, qui doit se réunir aujourd'hui à Bruxelles, en amont d'un sommet exceptionnel de la zone euro consacré à la Grèce, est disposé, malgré ce « non », à discuter avec les Grecs sur la base de « nouvelles propositions » de réformes et d'économies budgétaires. Berlin, qui refuse de discuter d'une restructuration de la colossale dette grecque (321 milliards d'euros), comme le demande Athènes, estime que « les négociations ne peuvent reprendre que quand le gouvernement grec sera prêt à coopérer et à s'engager à des mesures pour stabiliser l'économie du pays et mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires à la soutenabilité de la dette ». La décision du Premier ministre grec, Alexis Tsipras, de sacrifier son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, n'a pas amadoué Berlin. Cette dernière rappelle à Athènes que « l'essentiel dans les discussions sont les positions et non les personnes » et que les « conditions pour des négociations autour d'un nouveau programme d'aide » ne sont pas réunies. Sans pousser la Grèce hors de la zone euro, l'Allemagne lui demande de démontrer par les actes qu'elle veut rester membre. « Aucune solution ne pourra être trouvée s'il n'y a pas entre Angela Merkel et François Hollande (...) une conversation en profondeur, en vérité », a indique Paris. Certains Européens, comme le ministre slovaque des Finances, Peter Kazimir, évoquent ouvertement l'hypothèse d'un Grexit. Moins dures, Madrid et Rome sont ouvertes à un possible troisième plan d'aide, comme Athènes en a fait la demande la semaine dernière. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, le patron de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le patron du Fonds de soutien de la zone euro, Klaus Regling, et les présidents de la Commission européenne et de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker et Jeroen Dijsselbloem, sont quasiment en « liens » permanents. A défaut d'un accord, les dirigeants de la zone euro vont-ils se pencher uniquement aujourd'hui sur une aide d'urgence à apporter à la Grèce ? « Les gens là-bas ont besoin d'aide, et nous ne devrions pas la leur refuser juste parce que nous ne sommes pas contents de l'issue du référendum », a déclaré le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel. Tsipras répète à ses interlocuteurs européens qui sont partagés plus que jamais sur le destin de la Grèce, que le message du scrutin n'est pas « une rupture » avec le Vieux continent, mais un « renforcement du pouvoir de négociation » de son gouvernement et surtout un « non » à l'austérité telle qu'elle leur est imposée. Conscient de la gravité du moment, il a convoqué, hier matin, une réunion des chefs de tous les partis, sous l'égide du président Prokopis Pavlopoulos Que décidera le sommet de la zone euro aujourd'hui ? Un « éloignement » de la Grèce apportera de l'eau au moulin des europhobes et des eurosceptiques et un argument en plus aux dirigeants des pays du Sud qui rejettent le diktat des institutions monétaires internationales.