Les négociations entre la Grèce et ses créanciers s'enlisent, à tel point que la perspective d'un Grexit n'est plus écartée. En attendant, la Banque centrale européenne laisse son plafond d'aide d'urgence inchangé, tandis que l'Eurogroupe prévoit pour cet après-midi une réunion qui risque d'être décisive. C'est d'ailleurs la cinquième du genre en moins de dix jours. Elle est jugée décisive pour éviter à la Grèce un défaut de paiement, à quelques jours d'un remboursement de quelque 1,5 milliard d'euros au FMI, que la Grèce ne peut pas honorer sans le déblocage d'une tranche d'un prêt en suspens depuis presque un an, de 7,2 milliards d'euros, ou à défaut un geste financier de la BCE. Réunis jeudi à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE ont refusé d'accéder aux demandes du Premier ministre grec, Alexis Tsipras, et d'organiser un sommet de la zone euro, consacré au sort de son pays, au bord du défaut de paiement. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a fait le point jeudi sur l'état des négociations entre la Grèce et ses créanciers, aux dirigeants européens qui ont discuté pendant deux heures du cas grec. «Nous sommes tombés d'accord (sur le fait) qu'il faut continuer à travailler entre la Grèce et les institutions (Commission européenne, BCE et FMI) et que l'Eurogroupe de samedi revêt une importance décisive, car le temps presse», a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel. L'enjeu est un accord entre Athènes et ses créanciers sur des promesses de réformes et coupes budgétaires en Grèce, ouvrant la voie au déblocage d'argent frais pour le gouvernement grec dont les caisses sont vides. Cependant, le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a prévenu hier qu'il ne signerait pas un accord «non viable» avec les créanciers de son pays, tout en assurant que la Grèce souhaitait rester dans la zone euro. «La Grèce a été contrainte d'accommoder quelques demandes plutôt étranges des institutions. Ce sont maintenant à elles de faire un pas en avant», a-t-il déclaré à la radio publique irlandaise RTE. De son côté, le commissaire européen chargé du numérique, l'Allemand Günther Oettinger, a estimé vendredi que si aucune solution au différend entre la Grèce et ses créanciers n'était trouvée d'ici à cinq jours, une sortie du pays de la zone euro serait inévitable. «Le ‘‘Grexit'' n'est pas un objectif pour nous, mais il serait inévitable si nous ne parvenons pas à une solution dans les cinq prochains jours», a déclaré le commissaire européen à la radio Deutschlandfunk. Et «nous n'avons pas de plan B», a-t-il affirmé. Selon lui, Bruxelles n'est pas «non préparé» à une telle éventualité. Si la Grèce devait quitter l'Union monétaire, la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) «feraient tout, pour que les développements en Grèce ne se répercutent pas sur les autres pays de la zone euro», a poursuivi M. Oettinger.