Le gouffre financier est tout aussi impressionnant. Le premier bilan, publié par le Pentagone, révèle que les Etats-Unis ont fourni plus de 9 millions de dollars par jour et versé 2,7 milliards de dollars depuis le début des bombardements. La part du lion est consacrée à l'armée de l'air (1,8 milliard de dollars) et dans une moindre mesure aux opérations secrètes (200 millions de dollars). Au total, la Chambre des représentants avait approuvé un projet de loi autorisant la dépense totale de 579 milliards de dollars pour combattre cette organisation terroriste. A l'évidence, pour conjurer le péril de l'enlisement, le Président qui voulait en finir avec les guerres est confronté à sa propre guerre qui signifie la fin du désengagement dicté par le tempo du retour des G'Is sur l'arène moyen-orientale. Maître du tiers du territoire irakien et de la moitié de la Syrie en décomposition et désormais aux portes du Maghreb et de l'Afrique, Daech impose une réévaluation stratégique prônant une intensification des efforts dans cette lutte qui s'avère « difficile et de longue haleine ». Lors d'un point de presse au Pentagone, le président Barack Obama a déclaré : « Nos frappes aériennes continueront à viser les installations pétrolières et gazières qui financent nombre de leurs opérations. Nous visons la direction et les infrastructures de Daech en Syrie. » Ce qui a permis, selon lui, l'élimination de « milliers de combattants dont de hauts responsables » et de 30 éléments lors de la bataille de Raqa, la capitale de facto de l'organisation de Baghdadi. Washington, qui veut se prémunir contre les attentats, fonde la nouvelle stratégie sur un appui aérien et un soutien multiforme aux « partenaires solides » en Irak et en Syrie. La victoire symbolique de la reconquête de Tikrit et les succès enregistrés par les forces kurdes traduisent la bonne santé d'un partenariat efficace sur le terrain. Tout en excluant le combat au sol des troupes américaines, le fardeau de la lutte contre Daech repose essentiellement sur l'armée irakienne, soutenue par les tribus sunnites, et « l'opposition modérée » syrienne, amenées à mener leur propre guerre. Le syndrome de Ramadi, conçu comme un revers important pour la coalition internationale et l'armée régulière en déroute, a révélé l'urgence d'une mobilisation et de l'union sacrée de toutes les forces irakiennes par-delà les clivages ethniques, communautaires et confessionnels. « Davantage de volontaires sunnites se présentent. Certains sont déjà en formation et ils peuvent constituer une force nouvelle pour combattre Daech », a estimé le président américain qui s'est engagé à « faire plus » dans les domaines militaire et de la formation (450 nouveaux conseillers militaires). « Nous continuons à accélérer les livraisons de matériel essentiel, notamment d'armes antichars, destiné aux services de sécurité irakiens et j'ai fait savoir clairement à mon équipe que nous allions faire plus pour former et équiper l'opposition modérée en Syrie », a-t-il souligné dans son allocation. Depuis août dernier, les Etats-Unis ont participé à la formation de 12 brigades irakiennes et l'entraînement et l'équipement des « opposants syriens modérés ». De nouvelles bases le long du couloir Bagdad-Tikrit-Kirkouk vers Mossoul sont même envisagées par le Pentagone pour rééditer l'expérience de Taqadoum (province d'El Anbar) pour rapprocher les conseillers miliaires du front. Pour l'heure, cette éventualité est écartée par la Maison-Blanche. « Il n'y a pas de plans immédiats » pour de nouvelles bases, a souligné le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest. Mais, indiscutablement, le « partenariat local » est la clé de voûte de la nouvelle stratégie d'Obama pour accompagner et préserver les acquis. Cette dimension militaire représente un élément de la nouvelle stratégie qui combine les moyens politiques diplomatiques et financiers. Elle repose essentiellement sur la promotion d'un gouvernement stable et inclusif en Irak et un gouvernement de transition en Syrie. Obama réussira-t-il là ou son prédécesseur a échoué ?