Le ministère de l'Education nationale compte « révolutionner » l'enseignement secondaire, mais aussi mettre en œuvre une nouvelle stratégie plus efficace et plus pertinente dans le système éducatif. Une conférence nationale sera organisée, à cet effet, à Alger les 24, 25 et 26 juillet. Celle-ci se tiendra dans le cadre de l'« approfondissement de la réforme du système éducatif entamée en 2003 », note le ministère de l'Education. Le département de Mme Benghebrit vise, à travers cette rencontre, à imprimer une vision prospective au système éducatif en identifiant les actions structurantes pouvant l'inscrire dans la durée en termes de performances quantifiables, établir un ordre logique des priorités à l'effet d'assurer un renforcement de la réforme de l'Ecole, et ce, à la lumière des indicateurs du rendement du système (abandon, déperdition, taux de réussite aux examens, comparaison internationale...). Il est question également d'expliciter les changements apportés par les programmes de deuxième génération. Des conférences en plénière orienteront et structureront les débats de cette conférence autour de problématiques et de domaines transversaux centrés sur la place de l'éducation de base et les apprentissages fondamentaux, les priorités en direction du cycle primaire et du préscolaire, l'orientation scientifique et technologique, la place des langues dans le cursus scolaire ainsi que l'évaluation du système par les indicateurs du rendement. Pour le SG du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, il ne s'agit pas uniquement d'évaluer l'enseignement secondaire mais aussi de faire le point sur l'avenir du système éducatif. Et, là, il a indiqué que le ministère veut réactiver les recommandations de la commission Benzaghou pour aller vers une école de qualité. Décalage de niveau Elle est peut-être l'équation la plus difficile à résoudre : le décalage du niveau entre l'enseignement scolaire et celui universitaire. Le problème est sérieux, puisque 65% des bacheliers redoublent leur première année, selon les statistiques des syndicats. Pourquoi ? Amoura a évoqué un programme scolaire qui n'est jamais terminé avec comme conséquence un manque flagrant en matière de connaissances scolaires pour les élèves, de plus en plus moins armés pour entamer la première année universitaire. Il a estimé que le fait que ces derniers suivent un cursus scolaire en langue arabe, alors que l'enseignement universitaire, dans certaines matières, est dispensé en langue française est un handicap majeur qui peut expliquer cet échec. Pour lui, la solution réside dans le retour à l'ancien système, à savoir l'instauration du bilinguisme. Le SG du Satef a fait savoir que le ministère de l'Education nationale a proposé dernièrement aux partenaires sociaux d'enseigner les matières scientifiques (sciences, physique et mathématiques) en langue française. Une proposition qui a, selon lui, peu de chances d'aboutir à cause de « manque de professeurs capables d'enseigner ces matières dans les deux langues après 30 années d'arabisation ». « Les enseignants se sont opposés à cette idée de peur de perdre leur poste de travail », a-t-il soutenu. Le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Achour Idir, a affirmé, quant à lui, que l'échec à l'université ne peut pas s'expliquer seulement par le niveau faible des élèves en langues étrangères. Sinon comment interpréter le fait que même ceux qui poursuivent leurs études universitaires en arabe « ratent leur première année universitaire », a-t-il argumenté. Raison pour laquelle, il a soutenu que le problème réside dans la progression scolaire des élèves. Celle-ci « est marquée par des programmes qui ne sont jamais achevés ». Achour Idir a suggéré que la nouvelle politique de la tutelle procède par priorité. Il a cité, à titre d'exemple, la réorganisation des examens de fin d'année, particulièrement le bac avec l'instauration d'une deuxième session afin d'offrir aux élèves ayant obtenu une moyenne à l'épreuve entre 9 et 9,99 et une moyenne annuelle supérieure à 10 la possibilité de refaire l'examen.